26/05/2010

Muse @ Casino de Paris, concert privé

Suis-je bien en train d'écrire ? Mon corps est-il mon corps ? Mon esprit est-il là ? Vraiment, ne suis-je pas en plein rêve ? Ce que je viens de vivre est-il réel ? Y suis-je encore ? N'y ai-je jamais été ? Donner à une fan de Muse, depuis 1999, l'opportunité d'aller les voir dans une petite salle parisienne alors qu'ils font des tournées de stades : ça n'a pas de prix. Et peu importe si l'ambiance était un peu molle à cause de la présence d'un trop grand nombre d'invités. Eux, ils sont là parce que ça fait "hype" d'être à un concert de Muse ; moi, je suis là pour prendre ma dose.

Je crois n'avoir jamais pris complètement conscience d'où j'étais. Au début, je n'y croyais vraiment pas : ça n'avait pas de sens. Muse au Casino de Paris. Improbable. J'ai bien compris que j'allais entrer lorsque j'ai eu mon billet en main et mon bracelet autour du poignet, mais je ne ressentais rien. Aucune excitation. Peut-être par une trop grande peur d'être déçue ? Ou à cause d'une gêne parce que mes amis qui rêvaient d'assister à un concert privé de Muse n'ont pas gagné de places ou n'ont pas été invités ? Cependant, je commence à m'impatienter un peu avant vingt et une heures. Et là...
... MK Ultra. Impossible de réaliser. Matt, Dom et Chris font une entrée impeccable. Le choix du morceau est parfait et la prestation fait son effet. La foule se presse vers l'avant en quelques secondes pendant que j'essaie de bien comprendre ce qu'il se passe. Je saute déjà partout, parce que mon corps réagit, mais dans ma tête tout est flou. D'autant qu'ils enchaînent avec Map of the Problematique... Des génies. Ce sont des génies qui ont l'air de s'amuser comme des petits fous sur scène ! À peine le temps de m'installer dans le show avec Uprising qu'ils m'achèvent déjà avec Bliss : "an old song" comme l'introduit Matthew. Un trop plein d'émotion me fait monter les larmes aux yeux, je l'avoue, mais je ne m'arrête pas de bouger pour autant !
C'est l'efficace Supermassive Black Hole qui suit : toujours bien meilleure en live ! Mais après ça, le drame se produit : Muse joue sa dernière chanson, composée pour la bande originale de Twilight, comme s'ils voulaient qu'on joue à "chercher l'erreur". Neutron Star Collision (Love is Forever) est également chantée par deux groupies derrière moi, qui réclament Guiding Light à la fin. Pitoyable. Connaissent-elles Muse ? Bref, avant de hurler et de brandir le poing sur United States of Eurasia, c'est l'excellente Nishe qui me remet doucement dans l'ambiance.
Et cette douceur, cette tendresse (oserais-je écrire "tendwesse" ?), on la retrouve dans la surprise de la soirée : I Belong to You (Mon cœur s'ouvre à ta voix). Entendre Matt, anxieux, chanter la partie française pour la première fois sur scène, c'est inoubliable. Déclamer les paroles avec le même accent que lui est hilarant. C'est donc tout sourire que j'entre dans Resistance. J'ai oublié de signaler que la majorité des morceaux sont suivis ou précédés d'intros et d'outros magistrales. Les trois musiciens sont en pleine forme et souriants : Matt joue parfaitement (est-il encore nécessaire de le préciser ?) et sa voix tient bon, Dom est irréprochable, et Chris headbang avec plaisir et maîtrise les chœurs avec aisance. Maintenant, c'est l'heure d'Undisclosed Desires, chanson qui tient une certaine place dans mon cœur. Pas très appréciée des fans de la première heure qui lui reprochent son côté r'n'b, je n'arrive pas à me défaire de mon histoire tumultueuse avec cette composition aux paroles si justes.
Ce soir, Muse a décidé de jouer avec mes sentiments. Je passe du rire aux larmes en quelques chansons. Starlight arrive parfaitement dans la setlist car, même si elle n'est pas indispensable, c'est une de ces chansons qui permet de décompresser. On tape dans ses mains, on reprend les paroles et on rit, plus léger, avant de se défouler sur Plug in Baby : la folie. Je répète que ça ne l'était pas pour tout le monde, mais pour moi oui. D'autre part, poursuivre et finir avec Unnatural Selection et son break de taré, c'est tout simplement énorme.
Le rappel se compose de deux bombes précédées de l'intro à l'harmonica par Chris. Dans l'ordre, on a donc : Hysteria et sa puissance une nouvelle fois révélée par l'énergie des trois artistes, Man with a Harmonica (avec un jeté d'harmonica dans la fosse...) et Knights of Cydonia, le final par excellence avec des jets de fumée formant un rideau comme pour dire au revoir. Les lumières se sont rallumées très brutalement et ont l'effet d'un flash sur moi. Un flash à la Mulholland Drive de David Lynch. Un flash qui signifie le passage de l'irréel au réel.
Avec Muse, il se passe quelque chose d'extraordinaire à chaque fois. Comme un accouchement aux données inversées. C'est un bonheur souvent trop court, mais intense, qui se transforme en douleur, comme si on n'avait jamais vécu ce moment. Le 25 mai 2010 a-t-il existé ? Impossible d'être sûr, alors on y retourne... La prochaine fois, ce sera au Stade de France ; un endroit qui aura du mal à rivaliser avec l'intimité du Casino de Paris.

En tant que privilégiée, mon mot de la fin sera : merci.

22/05/2010

La Stratégie du choc - Michael Winterbottom & Mat Whitecross


La stratégie du choc, c'est quoi ? C'est un documentaire reprenant la thèse de Naomi Klein. Pourquoi ce film n'a été projeté que dans deux salles parisiennes ? Parce qu'il montre une vérité condensée et donc dangereuse pour le système en place. Après une crise (économique, politique, climatique, etc.), l'individu est enclin à suivre un leader.

Michael Winterbottom et Mat Whitecross ont réalisé ce film pour mettre en images les théories de Klein. La conférence de cette dernière est illustrée par des archives historiques, ce qui rend le film didactique, donc accessible à tous. De la dictature chilienne de Pinochet à la crise économique de 2008 en passant par la guerre en Irak et la politique tatcherienne, le spectateur reçoit l'information brute.
Cependant, le film a le défaut de sa qualité. En voulant résumer une thèse complexe en une heure et vingt-cinq minutes, les réalisateurs passent totalement à côté de l'analyse. Le documentaire perd de sa crédibilité et de sa profondeur même si l'on ne peut nier ce qui est avancé : le monde est détruit par la politique ultralibérale.
Le mot de la fin est assez maladroit car trop révolutionnaire après un film engagé si court. Donc, parmi les personnes qui iront voir le film (c'est-à-dire très peu), les convaincus ressortiront encore plus écœurés par le monde, les sceptiques n'y verront rien de plus qu'une stratégie de choc...

À voir, évidemment !

19/05/2010

New York, I love you - Collective work

Puisque le titre le laisse penser, oui c'est un film qui a un rapport avec Paris, je t'aime. Mais alors que ce dernier était un enchaînement de courts métrages distincts réalisés par différents réalisateurs, New York, I love you imbrique ses histoires et tente de trouver une certaine cohérence avec des scènes de transition. Les deux anthologies n'ont donc de commun que le concept : un travail fait par plusieurs réalisateurs sur une ville unique.

D'ailleurs, au-delà des histoires en elles-mêmes, New York est particulièrement bien filmée. La photographie est magnifique et  plonge le spectateur dans l'atmosphère new-yorkaise. Malheureusement, si la promenade dans la ville qui ne dort jamais est agréable, les onze courts métrages ne marquent pas grandement les esprits. L'ensemble est bon, le détail moins.
Il en est de même pour le casting de rêve. On se réjouit de voir Hayden Christensen et Ethan Hawke, mais on regrette de n'apercevoir Christina Ricci que pendant quelques secondes. En ce qui concerne les "filles de séries", c'est un plaisir de voir Rachel Bilson (The O.C.) mais on ne peut en dire autant de Blake Lively (Gossip Girl) qui semble ne savoir jouer que d'une seule façon.
Quant à Natalie Portman (déjà présente dans Paris, je t'aime), même si elle est toujours juste en tant qu'actrice, elle brille davantage derrière la caméra en réalisant un très joli court dans Central Park. Pour rester dans le positif, Allen Hugues dirige très bien Bradley Cooper et Drea de Matteo pour un résultat touchant. Enfin, s'il fallait décerné un prix à l'un des réalisateurs, ce serait sans conteste au français Yvan Attal : ces deux courts sont sincères, profonds, honnêtes et surprenants. Celui qui met en scène Robin Wright et Chris Cooper est une merveille.

Quand on connaît New York, on ressort nostalgique. Qu'en sera-t-il du troisième projet Shanghai, wo ai ni ?

15/05/2010

Caroline Rose + Soulshine + Karmastone @ Le Zèbre de Belleville





Le 8 mai 2010, au Zèbre, se déroulait la soirée "Rock the Voodoo Party". Trois groupes aux influences rock, qui pratiquent le style différemment, étaient programmés. Rien d'extraordinaire n'en est sorti, mais des choses intéressantes ont prouvé qu'il y avait du potentiel.


Caroline Rose
De cette chanteuse-guitariste franco-allemande, on peut d'abord dire qu'elle a un style tout à fait atypique. Vestimentaire puis musical. Si sa pop-rock teintée de punk n'est pas révolutionnaire, on se laisse facilement impressionner par le son qu'elle sort de ses cordes vocales. La tessiture et la maîtrise de sa voix est incontestablement son point fort. Cependant, quelques cinq chansons plus tard, on se dit que c'était une bonne entame mais pas suffisante pour accrocher.

Soulshine
On passe a un style différent : le rock est cette fois mêlé au blues, au jazz et à la soul comme le laisse suggérer le nom du groupe. Ces quatre musiciens apportent chacun un peu d'eux à la formation, mais le plus intéressant reste la voix ; ou plutôt, à certains moments, le fait de mêlé ce timbre intéressant à des riffs de guitare cinglants. Encore une fois, ce n'est pas mauvais du tout mais pas assez touchant pour que ce soit une révélation.

Karmastone
Dernier concert, le plus attendu. La salle s'est bien remplie depuis le début de la soirée. On est dans la veine du rock indie où se glissent des sonorités très pop sixties. Le bassiste, qui ne peut pas jouer ce soir, est remplacé par celui du groupe précédent. Le batteur est bon, très régulier. La voix du chanteur est la petite touche qui donne son identité à la formation. Mais ce qui étonne le plus, c'est l'attitude et la maîtrise du guitariste : un jeu très franc et chaleureux. Dans l'ensemble, c'est donc plutôt encourageant.


Une soirée musicale en toute modestie.

12/05/2010

Iron Man 2 - Jon Favreau

Sans garder un grand souvenir du premier film, se laisser tenter par le deuxième épisode a été une bonne idée, même si Jon Favreau est loin d'avoir signé un chef-d'œuvre en réalisant Iron Man 2. L'histoire : Tony Stark est Iron Man, il doit faire face à plusieurs menaces dont le gouvernement américain et son armée, un ennemi russe ayant construit une armure presque à l'égal de la sienne et lui-même.

Là, deux choix s'offrent au spectateur : prendre le film pour ce qu'il est ou s'acharner à dire du mal de celui-ci. Les deux sont possibles. En effet, tout a été démultiplié dans ce film : nombreux récits à l'intérieur de l'histoire, divers lieux, personnages multiples, rebondissements incessants, rythme rapide... Le spectateur est donc tiraillé entre délire et overdose. Et même côté humour, on ne sait plus si c'est drôle ou déprimant.
Finalement, on en vient presque à se demander si ce n'est pas une parodie. Iron Man 2 ne serait qu'une grande cour de récréation pour un réalisateur et ses acteurs. C'est un film qui semble avoir été fait sans prise de tête et pour un public qui ne voudrait pas se la prendre non plus. Il n'y a aucune profondeur, ou quand cela s'en rapproche, on retombe vite dans la dérision et le cynisme. Néanmoins, si ces considérations peuvent paraître négatives, c'est un divertissement sans prétention qui en ressort. Car les effets spéciaux sont certes là, mais, en définitive, personne ne veut tromper le spectateur.
La bande originale, dominée par des chansons d'AC/DC, utilise aussi de petits extraits des Clash, des Beastie Boys, de Queen et même de Daft Punk. Quant au casting, il est tout aussi impressionnant. Robert Downey Jr. (Sherlock Holmes) est excellent en narcissique sympathique. Cependant, quand on n'aurait rien à redire de Samuel L. Jackson ou de Don Cheadle (déchiré entre raison et amitié), on trouve Mickey Rourke juste bon. En ce qui concerne les rôles féminins il n'y a aucun doute : Scarlett Johansson est sans grand intérêt, mais peu de femmes ont la classe de Gwyneth Paltrow.

À la fin du générique, une petite séquence annonce The Avengers de Joss Whedon et plus particulièrement Thor de Kenneth Branagh.

09/05/2010

Revamp @ Azijnfabriek, Roermond, Pays-Bas, try-out show

Road trip et concert, que demander de plus ? Et quand c'est rare et en petit comité, c'est encore meilleur. De plus, au-delà des frontières on devient autre : on fait le vide en soi et l'on est dans un état propice à la découverte. L'idée de n'être plus qu'une personne retranché dans un autre pays pour assister à l'un des premiers lives d'un groupe naissant donne cette agréable sensation d'être privilégié. C'est à Roermond, aux Pays-Bas, qu'un tout petit bar accueille le deuxième try-out show de Revamp, le nouveau groupe de l'ex-chanteuse d'After Forever.

En plus d'être une femme généreuse, Floor Jansen maîtrise le chant à la perfection. Sa voix est un instrument exceptionnel dont elle sort les notes les plus inattendues avec une apparente facilité. Du lyrique, de la douceur, du rugueux et de l'attaque, elle sait tout faire. Malheureusement, le son n'est pas à la hauteur de son talent, et l'on peine à entendre le clavier. D'autre part, le groupe semble ne pas être encore tout à fait à l'aise. Floor est nerveuse et l'avoue. C'est compréhensible car, même si elle a connu une grande période de succès avec After Forever, c'est une nouvelle expérience qui débute, et tout reprendre à zéro ne doit pas être évident.
Sans setlist, impossible de donner le nom des chansons qui ont été marquantes. Cependant, Floor en a présenté plusieurs, dont une reste gravée : Kill me with Silence. Le titre seul donne des frissons... Mais l'ensemble du show est prometteur et les morceaux (composés avec Joost van den Broek, l'ancien claviériste d'After Forever) laissent augurer d'un bon premier album.
Le 2 mai 2010, en cette fin d'après-midi (puisque le concert a commencé à seize heures), Revamp offre quelques surprises au public. Tout d'abord, une reprise pour le moins étonnante de Bad Romance de Lady Gaga. Et sans savoir si c'est une bonne idée ou pas, on sourit. Ensuite, pour une personne qui n'a jamais eu et n'aura plus jamais l'occasion de voir After Forever en live, quel plaisir d'avoir pu entendre Energize Me en rappel ! Certes, ce n'était pas avec le groupe d'origine ni dans une configuration époustouflante, mais Floor sait ce qu'il faut faire pour toucher les gens ; même la petite fille chantant sur les épaules de son papa.

Une très belle expérience.

Site
Myspace

05/05/2010

Dragons - Chris Sanders & Dean Deblois


Les réalisateurs de Lilo & Stitch, Chris Sanders et Dean Deblois, se sont inspirés de la saga de Cressida Cowell pour créer Dragons. La bande annonce n'était pas attrayante, mais le film est merveilleux. Harold, un jeune viking, vit sur l'île de Berk (où l'on combat des dragons menaçants) et cherche la reconnaissance de ses paires mais surtout celle de son père. Les relations, et particulièrement cette amitié improbable entre un animal sauvage et un humain, sont filmées avec justesse et délicatesse. Ainsi, après le très bon Kung-Fu Panda, Dreamworks frappe fort.

Que ce soit dit de prime abord, c'est l'un des meilleurs dessins animés de tous les temps, pour les petits comme pour les grands. On découvre enfin un scénario qui ne tombe pas dans les pièges des topoi du dessin animé fantastique. Les attentes du spectateur sont détournées et on est agréablement surpris. Le rythme est soutenu, l'humour est fin et les scènes sont splendides tant au niveau de l'action (accentuée par la 3D) que de l'émotion.
D'autre part, il y a une chose singulière qui rend le film proche de la perfection : l'utilisation subtile du silence. Le film décolle réellement avec la rencontre entre Harold, l'antihéros, et Krokmou, la Furie Nocturne. Étonnamment, et heureusement, cette créature ne parle pas. Le mieux, pour tenter de décrire la sensibilité exquise des scènes d'initiation, serait d'avancer l'hypothèse que le comportement de Krokmou aurait sans aucun doute fait faillir l'intransigeance de l'archonte Drakôn, à Athènes, au VIIe siècle avant notre ère.
Enfin, il ne faut pas oublier que Dean Deblois est le réalisateur d'Heima, l'excellent film sur la tournée islandaise de Sigur Rós durant l'été 2006. C'est d'ailleurs une chanson de Jónsi, le chanteur du groupe, qui a été choisie pour le générique de Dragons. Il fallait l'acuité d'un homme tel que Dean Deblois pour filmer la difficulté de trouver sa place quand on est différent, pour prôner la tolérance et pour montrer les bienfaits de la connaissance.

Un film expressif, touchant, audacieux, réjouissant et intelligent.