30/11/2010

Harry Potter et les Reliques de la Mort (Partie 1) - David Yates

Quels sont les films qui vous donnent le sourire dès les premières secondes ? Ceux qui vous font entrer dans leur univers avant même qu'ils ne commencent, juste grâce à quelques notes de musiques familières et le logo revisité de l'une des plus grosses sociétés de production et de distribution ? Les films de la saga Harry Potter.


Et peu importe la qualité cinématographique quand on retrouve les personnages de ce monde imaginaire dans lequel on voudrait vivre depuis une dizaine d'année. Mais avec cette première partie du septième volet, Harry Potter et les Reliques de la Mort, David Yates offre un film travaillé, sombre, tendu et passionnant, loin du précédent : Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé. Fini le montage brouillon et les scènes mielleuses d'adolescents : le réalisateur s'est enfin replongé dans le monde magique mais aussi réaliste du sorcier.

Confronté à de multiples drames qui l'éloignent de l'enfance, Harry (Daniel Radcliffe) évolue en dehors de l'enceinte de Poudlard, en compagnie d'Hermione (Emma Watson) et de Ron (Rupert Grint, vu cette année dans Petits meurtres à l'anglaise de Jonathan Lynn). Sans protection, ils se retrouvent face à eux-mêmes et à leurs doutes ; Hermione a lancé un sortilège à ses parents pour qu'ils l'effacent de leur mémoire (la brièveté de la scène n'a d'égal que son intensité), Ron est séparé de sa famille, et Harry a bien du mal à se remettre de la mort de Dumbledore. Yates a donc choisi de ne pas aborder les révoltes des élèves à Poudlard, sans doute pour laisser exploser l'action générale dans la deuxième partie, annoncée par un terrible "Losers !" lancé par Neville aux Rafleurs dans le Poudlard Express. Le réalisateur peut ainsi s'attarder sur des séquences importantes et creuser au plus profond des personnages ; ce que permet la scission de ce dernier volet en deux parties. Il peut prendre le temps de préparer la fin, et, en même temps, de préparer le fan à la bataille ultime qui symbolise la fin de la saga.
Avec cette première partie, le spectateur se détache progressivement de l'univers enchanteur et merveilleux des couloirs de Poudlard. Et si à la lecture du livre on regrettait l'absence des trois amis à l'école (surtout parce qu'on ne voulait pas sortir de cette bulle ensorcelée), on réalisait également combien la décision de Harry était mature, responsable et nécessaire. D'autre part, le climat de guerre et de chasse aux sorciers nés de parents Moldus renvoie le spectateur à une époque pas si lointaine, quand Hitler imposait à l'Europe sa volonté d'exterminer les individus au sang impur selon lui (l'insulte "Sang-de-Bourbe" est cruellement gravée par Bellatrix sur l'avant-bras d'Hermione). On pourrait même étendre la comparaison à aujourd'hui, mais cela entraînerait une trop longue digression socio-politique qui n'a pas sa place dans une critique de cinéma. La suggestion est assez claire, retour au film !
Mélancolique, captivant, ténébreux, lent, surprenant, grave... On est en droit de se poser cette question : Harry Potter et les Reliques de la Mort, Partie 1 est-il filmé par le même réalisateur que celui de l'épisode six ? Certes, Yates est aidé par un livre écrit presque comme un scénario, par des décors noirs, par des paysages aussi vastes qu'inquiétants, par des seconds rôles (Helena Bonham Carter (Alice au pays des merveilles), Alan Rickman, Ralph Fiennes, Dobby...) tous plus brillants les uns que les autres et par une partition signée du très bon français Alexandre Desplat (récemment entendu dans Fantastic Mr Fox de Wes Anderson), mais le réalisateur dévoile une facette plus intelligente dans le traitement soigné du rythme, du ton et de l'émotion plus que de l'action.

Voldemort a fragmenté son âme pour être immortel. Harry, Ron et Hermione sont donc à la recherche des Horcruxes pour les détruire. Mais dans cette quête, les trois jeunes adultes découvrent l'existence des Reliques de la Mort : la Baguette de Sureau, la Pierre de Résurrection et la Cape d'Invisibilité. Et cette sérendipité donne lieu à une séquence d'animation elliptique et audacieuse pour illustrer Le Conte des trois frères. Une idée originale.


La menace va se transformer en apocalypse, et on a hâte de voir ça !

29/11/2010

Mother and Child - Rodrigo García

Destins croisés pour ce film de Rodrigo García produit par Alejandro González Iñárritu. Malheureusement, dix ans après Ce que je sais d'elle... d'un simple regard, le réalisateur, fils de l'écrivain Gabriel García Márquez, n'apporte rien de nouveau à sa façon de filmer les femmes. Encore un long métrage aux histoires entremêlées, mais celui-ci sent le réchauffé.

En effet, malgré un montage correct, la mise en scène est moyenne et le scénario attendu. Rien ne surprend le spectateur : on attend simplement que les scènes arrivent, avec leur lot de clichés sentimentalo-familiaux. Et pour ne rien arranger, la musique trop présente est vraiment médiocre.
Heureusement, Samuel L. Jackson fait bien son travail, et les trois portraits de femmes sont relativement bien joués. Trois femmes pour trois performances différentes. D'abord, la moins bonne : Annette Bening. Elle a pris un sacré coup de vieux, mais celui-ci lui sert finalement pour son interprétation de femme détruite dans son adolescence et jamais remise de ses blessures. Ensuite, si la merveilleuse Naomi Watts (récemment vue dans Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu de Woody Allen) joue habilement son rôle, il faut avouer que c'est Kerry Washington qui crève l'écran en proposant un jeu aussi puissant que touchant. Elle est sublime.
Mais Mother and Child reste un film sur la maternité manquant de profondeur, et tombant dans la mièvrerie et le pathétique avec certaines répliques lourdement répétées telles que : "C'est le temps passé ensemble qui compte et non le sang." Qui a dit "moralisme" ?

Un film convenu qui ravira les moins exigeants.

24/11/2010

Les Petits Mouchoirs - Guillaume Canet

Les petits mouchoirs, ces voiles que l'on pose sur certains défauts ou sur des vérités difficiles à entendre pour ne pas faire de mal à autrui ou à soi-même, ces mensonges blancs, Guillaume Canet les filme avec authenticité et justesse. Après Mon Idole et la confirmation de son statut de très bon réalisateur avec Ne le dis à personne (l'adaptation du livre de Harlan Coben), son troisième long métrage prouve qu'en changeant de style, il ne perd pas de son talent.

Les Petits Mouchoirs, c'est un film sur les ambiguïtés et les compromis d'une bande de copains ; sur l'amitié, tout simplement. C'est un film empreint de mélancolie, un tourbillon d'émotions dont on sort lessivé. C'est un film générationnel, ponctué de phrases cultes. On pleure beaucoup, de rire, parfois jusqu'à se faire mal aux muscles abdominaux (la scène de Marion Cotillard dans l'eau est mémorable), et de tristesse, jusqu'aux sanglots.
Les deux heures et demi, qui pourraient en rebuter plus d'un, passent aisément grâce à la sensibilité cinématographique de Canet et à son regard acéré et profond sur les personnages. Il ne leur trouve jamais d'excuses, et n'en épargne pas un seul. Cela permet aux acteurs de s'exprimer, de prendre vie sans se faire d'ombre. Évidemment, même si le casting presque parfait montre un groupe soudé, certains se démarquent. Benoît Magimel (Vincent) n'a pas été aussi bon depuis longtemps, Marion Cotillard (Marie), récemment vue dans Inception, est définitivement l'une des meilleures actrices de sa génération, François Cluzet (Max) est magistral, comme d'habitude, et le couple qu'il forme (comme à la ville) avec Valérie Bonnetton (Véronique) est d'une justesse rarement filmée. Enfin, Joël Dupuch (Jean-Louis) hérite judicieusement du plus beau rôle.
Un seul regret : le matraquage promotionnel qui ouvre grand la porte aux critiques voulant cracher leur venin sur le réalisateur comme sur son film. L'un des arguments qui reviennent souvent, c'est l'absence d'un scénario pointu. Mais pourquoi toujours encenser les films à scénarios complexes et déprécier les autres ? Il faut savoir apprécier les films simples et très bien réalisés, qui ne sont pas forcément des leçons de cinéma. Les Petits Mouchoirs, c'est le récit d'un moment de vie, sur une bande originale réunissant quelques pépites (Jet, Bowie, Band of Horses...). Une réussite.

Guillaume Canet, le Ben Affleck français.

22/11/2010

Rodrigo y Gabriela @ Zénith de Paris

Cela fait plusieurs mois que la date de Rodrigo y Gabriela au Zénith de Paris est annoncée et attendue : le 19 novembre 2010. Mais c'est seulement cinq jours avant le concert que j'ai été invitée à y assister par une amie que je remercie encore. Parce qu'après les quelques minutes d'attente pour s'installer au premier rang des gradins, et l'impression d'avoir entendue la première partie pendant des heures, il ne faut qu'une ou deux petites secondes pour entrer dans l'univers de Rodrigo Sánchez et Gabriela Quintero. 


Wallis Bird est une jeune irlandaise qui a la particularité de jouer, en tant que gauchère, sur une guitare de droitier dont les cordes n'ont pas été inversées. Passé ce détail finalement inintéressant, on peut s'attarder sur sa prestation. C'est très simple, cette fille est une catastrophe ambulante. Malgré sa voix parfois atypique sur quelques notes poussées et rugueuses, Wallis Bird est aussi mauvaise que la réaction enthousiaste du public est incompréhensible. Comment une personne aussi dénuée de sensibilité artistique peut se retrouver en première partie de virtuoses comme Rodrigo y Gabriela ? Pourquoi maltraite-t-elle ses guitares ? Oui, "ses", parce qu'elle a quand même réussi en une demi-heure à casser les cordes de deux guitares, avant d'en demander une troisième qu'elle désaccorde tant son jeu est brutal et maladroit, pour finalement ne pas terminer sa dernière chanson. Une performance brouillon pour une gamine amatrice qui a l'insolence de présenter ses compositions comme étant "amazing". Humour ? Moi, une fille aussi irrespectueuse envers la musique, ça ne me fait pas rire. Elle lit sur un papier qu'elle parle français comme une vache espagnole, elle joue surtout comme un pied. Affligeante.

L'amertume s'envole lorsque le duo mexicain entre sur scène pour interpréter la délicate 11:11, leur chanson hommage à Pink Floyd, après avoir eu la classe d'attendre la fin d'un morceau de metal qui passait en musique d'attente. Ils enchaînent avec Hanuman, l'hommage à Carlos Santana, qui terminent de convaincre les plus sceptiques, s'il y en avait. Après ça, ce n'est que du plus, de la gourmandise, du bonheur à l'état pur. Il n'y a pas une seconde, une note de trop. Aujourd'hui, on parle souvent de talent pour n'importe quel groupe, à tort. Pour Rodrigo y Gabriela, on ne peut pas se tromper. Et en plus d'avoir du talent, ils ont la technique. Ils ont même la sérénité et la générosité. Que demander de plus ?
Peut-être que tout le public se taise. Car même si la majorité exprime sa joie de manière convenable (et sait taper en rythme dans ses mains), il en reste toujours certains qui font preuve d'impolitesse et gâchent le concert des autres. Pourquoi les gens parlent-ils pendant les chansons ? Pourquoi ? Et pourquoi un homme derrière moi appelle un copain pour lui rappeler son absence en riant ? Et pourquoi un autre ne cessait-il pas d'avancer vers la scène avec son sac à dos porté au-dessus de la fosse, gênant ainsi la visibilité d'un bon nombre de personnes derrière lui ? Et pourquoi y en a-t-il toujours un, très éméché, pour se croire à la Techno Parade ou à un match de tennis en sifflant des hymnes fédérateurs ou en criant des encouragements inutiles ? Autant de questions qui restent sans réponses.
Du côté des musiciens, si leurs compositions sont instrumentales, cela ne les empêche pas de prendre la parole en anglais, en français et en espagnol (quel plaisir !), quand ils en terminent une. En revanche, si la communication avec le public se transforme en véritable cohésion, le visuel n'apporte pas grand-chose, hormis les images des mains de Rod y Gab sur leurs guitares ou les jeux d'ombre sur la toile blanche installée derrière eux. Mais encore une fois, tant qu'il y a la musique... Dans ce flamenco rock ressortent clairement leurs influences venues du metal (ils ont joué dans un groupe de heavy metal appelé Tierra Acida, anciennement Castflow). D'ailleurs, alors qu'ils avaient livré un concentré de leur don au Printemps de Bourges 2010, ils ont le temps au Zénith d'annoncer la présence d'un invité surprise, un guitariste métalleux : Alex Skolnick, connu pour avoir joué dans le groupe de thrash metal Testament. Ils s'amusent lors d'un petit jeu à trois, se parlant par riffs interposés, puis font une démonstration de leurs capacités, sans prétention aucune.
Enfin, force est de constater que l'harmonie de Rodrigo y Gabriela en duo vient de deux talents incroyables et uniques, qui s'expriment pendant deux moments où chacun offre un solo, seul sur scène. Mais la plus belle magie vient du mariage de la guitare rythmique de Gabriela (a-t-elle une main bionique ?) à la guitare solo de Rodrigo.


Et parce qu'il faut faire le silence en soi pour recevoir une telle musique : comme Rod y Gab, on reste sans voix.

18/11/2010

Vampire Weekend @ Zénith de Paris

"Alors, c'était comment Vampire Weekend ?" Euh... C'est loin ça, il y a eu une nuit de sommeil entre la soirée et ce matin ! Mon sixième concert de VW... Mon sixième concert de VW ?! Serait-ce une coïncidence ? Suis-je maudite par le chiffre 6 ? Un neuf à l'envers... C'est l'enfer ! Muse, Misteur Valaire, et maintenant Vampire Weekend, le sixième concert n'est pas digne du talent du groupe. Tandis que pour MV à La Maroquinerie, la faute revenait surtout à leur dernier album, le concert de VW a subi les mêmes gênes que le deuxième concert de Muse au Stade de France : le public.


Tout d'abord, le show s'annonçait moins bon que les autres, tout simplement parce que le dernier concert parisien de VW avait été une apothéose : leur passage à l'Olympia. Pour assurer la première partie des quatre New-Yorkais dans le vent : Jenny and Johnny, des Américains de la côte Pacifique, qui ont commencé à 20 heures ; on les entendait déjà depuis l'allée menant au Zénith de Paris. En entrant dans la salle, il n'y a pas d'autre choix que de se diriger en gradins : la fosse est pleine à craquer. Le son est moyen, comme toujours dans cette salle ; les aigus sont insupportables et la voix féminine, aussi claire soit elle, fait très mal aux oreilles. Le groupe de Los Angeles joue une espèce de rock alternatif country. Il n'y a rien d'intéressant, rien de nouveau, rien qui mérite une attention particulière. C'est plat, mais ça a l'air de fonctionner, pendant quarante-cinq minutes, sur un Zénith bondé et réceptif.

Après une demi-heure d'attente, les vampires font leur entrée sur un beat de rap américain moins old school que le Jump Jump de Kris Kross à l'Olympia. Ils entament Holiday avec un son très moyen. La fosse semble amorphe. Ah ! Non ! Les gens sont tout simplement trop occupés à filmer les bras en l'air... Sur White Sky, le public se réveille, mais seulement sur le refrain. En revanche, le "merci" d'Ezra déclenche des cris hystériques, qui continuent sur les minibreaks de Chris, le batteur, pendant Cape Cod Kwassa Kwassa. Ce dernier est indiscutablement impressionnant de constance, et ce depuis leur premier passage à l'Album de la Semaine, en 2008. Pour le reste, la prestation est propre.
Avec l'enchaînement I Stand Corrected/M79, on comprend que la majorité du public ce soir ne réagit que sur les tubes : l'ambiance est morne sur la première, excessivement enthousiaste sur la seconde. Les gens ne savent même pas quand reprendre les chœurs, et ça les fait rire. Moi, ce qui me plaît, c'est plutôt de m'extasier (intérieurement) à l'écoute de la partie batterie sur Bryn (que le groupe n'avait pas joué à l'Olympia, mais ils avaient alors interprété Boston (Ladies of Cambridge)). Les essais d'Ezra pour modifier sa voix ne mettent même pas la puce aux milliers d'oreilles du Zénith... La version de California English sans les violons mimés au clavier vers la fin, c'est une idée ! VW délivre encore trois chansons de Contra, son deuxième album : Cousins, toujours efficace, Taxi Cab, lourde et hors tempo (Rostam, le claviériste, tente désespérément de suivre la lenteur des autres), et Run, égale à elle-même.
"Merci Paris. La prochaine chanson est très facile pour danser !" A-Punk résonne dans la salle, les gradins se lèvent enfin (pour se rasseoir à la fin du morceau). "Do you remember this one ?" One (Blake's got a new face). Le public a enfin compris, au bout de deux albums, comment répéter la phrase de ce titre de Vampire Weekend ! On revient à Contra avec Diplomat's Son, morceau sur lequel Chris, le bassiste, effectue quelques petits pas de danse, et Chris, le batteur, réalise une bonne performance. Le jeu de ce dernier est vraiment mis en avant ce soir, et c'est justifié ! Il donne une énergie incroyable, qui explose sur Giving up the gun. Le single bénéficie alors d'une belle intensité inattendue.
Vampire Weekend termine avec Campus et Oxford Comma sans interruption, pendant lesquels une seule silhouette saute, juste devant Ezra. Il y a bien évidemment toujours quelques crétins pour se plaindre de la durée du concert (une heure et quart), alors que VW a un répertoire de deux albums comportant des chansons relativement courtes. Bref.
Le rappel est annoncé par Rostam, disant en français que la mélodie de Horchata est simple et qu'on peut la reprendre ; le public des gradins se relève. Ensuite, Ezra, l'époustouflant chanteur-guitariste qui ne semble pas savoir faire de fausses notes, introduit Mansard Roof, leur "shortest song", en demandant au public de réaliser une chorégraphie très simple avec les doigts (un langage universel). Enfin, avant de clore presque traditionnellement sur Walcott, les quatre New-Yorkais déclarent que ce soir était leur dernier concert français de la tournée de Contra, et que la prochaine fois qu'ils reviendront, dans un ou deux ans, ils apporteront un troisième album. On peut donc conclure que la setlist de ce 17 novembre 2010, identique à celle de l'Olympia (à deux détails près), changera.


Je n'ai pas eu droit à I Think ur a Contra, et j'espère que cette malédiction du sixième concert ne s'applique qu'au sixième et à l'année 2010...

17/11/2010

Moi, moche et méchant - Pierre Coffin & Chris Renaud

Après avoir basé son teasing sur des minions hilarants, Universal Pictures présente Moi, Moche et Méchant, un film dans lequel l'armée des petites bêtes jaunes se révèle décevante. Mais hormis quelques petites faiblesses, ce dessin animé demeure efficace.

Le premier bon point revient au personnage principal, Gru, moche et méchant, dont le nom est emprunté aux services de renseignements militaires soviétiques, d'où son accent des pays de l'Est. Un méchant en héros, qu'est-ce que ça fait du bien !
Mais, dans le fond, il ne l'est pas. Son armée est constituée de "minions", il a peur de son petit chien monstrueux, et son cœur ne met pas longtemps à craquer pour les trois petites orphelines : Margo, la responsable, Edith, la rebelle, et l'attendrissante Agnes (la présence de cette dernière faisant beaucoup pour le film). D'autre part, avec les flashbacks, on comprend très vite que Gru n'est qu'un grand enfant cherchant sans cesse la reconnaissance de sa mère.
L'histoire (Gru entreprend de voler la Lune pour redevenir le plus méchant des méchants) est bien menée, grâce à un scénario original. Il y a quelques scènes aux gags moins drôles, mais rien ne traîne jamais en longueur. L'ensemble est vif et attachant, surtout à partir de la séquence du parc d'attraction ; et une pointe d'émotion bien dosée, sans mièvrerie donc, vient clore le film.

Un dessin animé sympathique, travaillé jusqu'au générique de fin !

12/11/2010

Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu - Woody Allen


Voilà un réalisateur dont on attend toujours les films : Woody Allen. Dans Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, les histoires de plusieurs personnages plus ou moins liés sont racontées dans un Londres peu filmé. Le travail est concentré sur la direction d'acteurs et les situations plus que sur la ville.

Avec une belle brochette de comédiens, Allen réussit à exprimer ce qu'il a à dire, traitant des thèmes récurrents de sa filmographie : apparences et réalité, illusion et raison. L'un des personnages a terriblement peur de la mort, un autre comble son vide intérieur par la matérialité des choses, tandis qu'un troisième se terre lâchement dans le mensonge en reprochant à autrui la création d'une vie pour échapper au concret... En bref, les faiblesses humaines sont mises en exergue, révélant même une certaine médiocrité.
Pour en revenir au casting, malgré la présence de Anthony Hopkins, Antonio Banderas et Josh Brolin au casting, on retient plutôt les prestations féminines. L'Américaine Naomi Watts pour son interprétation plus que convaincante, avec son accent anglais parfait ; et Genna Jones dans le rôle de sa mère, aussi pathétique que tête à claques. Car, alors qu'on se prend de tendresse pour le personnage de Naomi, on ne ressent pas une once de sympathie pour celui de Genna.
Finalement, le réalisateur fait danser ses personnages névrosés sur une bande originale toujours efficace sans trop en faire, et sur la musique de la vie, tout simplement. C'est un film léger aux profondeurs noires, servi par un humour grinçant et des dialogues affutés. C'est drôle en même temps qu'énervant et déprimant. Woody Allen ne surprend plus, mais on a l'assurance de passer un bon moment.

Du Woody Allen.