31/12/2010

Sélection des 10 meilleurs concerts de 2010

La fréquentation des salles de concert cette année a été moins assidue que l'an dernier, comme annoncé dans la sélection des 10 meilleurs concerts de 2009.
Si l'envie et les émotions se font plus rares, notamment à cause du public, ces dix concerts ont été de véritables moments de bonheur.



Bonus !
Connues ou moins connues, ce sont des valeurs sûres en live.


L'année 2011 ne sera pas plus dédiée aux concerts, voire moins, mais si le cru est de cette qualité, ce sera un plaisir.

30/12/2010

Megamind - Tom McGrath

Après le Raiponce de Disney, on enchaîne avec un autre dessin animé (en cette période de fin d'année, qui ne retombe pas en enfance ?) : Megamind des studios Dreamworks. Un petit moment de détente intelligente.

Megamind est né avec l'envie de faire le bien, mais Megamind ne sait bien faire que le mal. Il devient alors un superméchant et ne cesse de se battre contre le défenseur de Metrocity, Metroman, son adversaire depuis toujours. Il est accompagné de Nounou, un piranha attendrissant dans un corps robotique.
Dès le début, on sait que Megamind a un fond gentil, et qu'il a choisi la voie de la méchanceté ; on attend donc le retournement de situation, comme pour Gru dans Moi, moche et méchant. À croire qu'on ne verra jamais de méchant animé triompher.
Servi par une bande son rock'n'roll (avec AC/DC et en partie signée Hans Zimmer), le scénario est inventif et heureusement soutenu par le héros principal. Car, même si Metroman est agaçant de perfection, Titan diaboliquement bête et la journaliste Roxanne Ritchie antipathique (utilisant parfois un vocabulaire gâchant la finesse du film), c'est bien le bleu Megamind que l'on suit des yeux !
 
Tom McGrath réalise un film drôle, dont la 3D est efficace ; Dreamworks est cependant loin de son Dragons.

27/12/2010

Raiponce - Byron Howard & Nathan Greno

Depuis plusieurs années, le traditionnel Disney perd nombre de spectateurs, lesquels préfèrent aller voir les productions en images de synthèse de Pixar, Dreamworks et autres. Pourtant, la relecture moins sombre du conte des frères Grimm, Raiponce, c'est l'œuvre des studios Disney. La renaissance des pionniers viendrait-elle avec ce très bon film ?

En début d'année, sortait La Princesse et la Grenouille, un dessin animé signé Disney qui renouait avec le charme d'antan tout en modernité, mais qui manquait cruellement de cette magie subtile faisant la gloire des studios. Ce mois-ci, Raiponce, une jolie jeune fille à la longue chevelure magique, illumine les salles obscures accompagnée de son fidèle caméléon, Pascal, l'un des plus attachants personnages secondaires de toute l'histoire de Disney.
Malgré des chansons moyennes qui n'entreront pas dans la légende, et une scène d'exposition trop longue, Raiponce est un conte de fées classique mais percutant ; une romance solide, drôle et rythmée, qui ne tombe jamais dans la niaiserie. Et en compilant les références (une princesse qui ne sais pas qu'elle en est une, comme dans La Belle au bois dormant ; un prince des voleurs qui rêve d'une vie de château, comme dans Aladdin ; ou encore la scène de la barque, qui ressemble à celle de La Petite Sirène), force est de constater que Disney veut revenir au sommet.
Néanmoins, cette volonté de bien faire tombe dans l'excès avec le choix de la 3D. En effet, Byron Howard et Nathan Greno ont tout fait pour que Raiponce soit un chef-d'œuvre, mais cette technique, qui dans certains films pallie une insuffisance de travail sur le fond, était inutile, voire même de trop.

Disney est sur le bon chemin !

22/12/2010

White Lies, I Like Trains & The Vaccines @ La Flèche d'Or, Inrocks Indie Club

Le 17 décembre 2010 à La Flèche d'Or, c'était une soirée de premières fois pour les trois groupes de rock anglais qui jouaient lors de la dernière soirée Inrocks Indie Club de l'année. The Vaccines donnait son premier concert en France, I Like Trains remontait pour la première fois sur scène depuis la guérison de son batteur, et White Lies, trio devenu quintette en live, interprétait ses morceaux dans cette configuration pour la première fois en France.

The Vaccines
Reviendrait-on au rock anglais efficace et sale ? Le groupe inconnu pour la grande majorité du public propose des chansons courtes et immédiates, sans prise de tête ni accoutrements fashion. The Vaccines, c'est un chanteur volontaire, un bassiste amorphe, un guitariste lobotomisé qui scrute le fond de la salle, et un batteur complètement investi, transcendé dès la première chanson comme si c'était la fin du concert, et ce malgré (ou peut-être est-ce la cause d'un tel déchaînement) un état de sobriété douteux. Tout n'est pas excellent, mais c'est une jeune formation à suivre de près, avec, pour commencer, la sortie de leur premier album en mars prochain.

I Like Trains
On reste dans le rock, mais on change radicalement d'ambiance avec I Like Trains. Et hormis quelques quarantenaires (cinquantenaires ?) qui pensent retrouver leur jeunesse dans la bière, et qu'il faut faire taire pour profiter de la musique car ils n'y comprennent rien, une partie de l'audience est polie, l'autre absorbée. Il faut dire que ce groupe post-rock originaire de Leeds impose le respect. Ils transpirent le professionnalisme, ont une attitude posée mais savent se lâcher quand c'est nécessaire. En live, leur musique prend une dimension plus intense, profonde et puissante que sur album, même si la voix reste discrète. Le groupe offre un final impressionnant, progressif et apocalyptique avec un morceau de dix minutes : Spencer Perceval. À revoir sans hésiter pour un concert plus long !

White Lies
En attendant White Lies, on peut se demander pourquoi l'individu qui accorde la guitare de Harry s'y attarde à plusieurs reprises, et surtout, on peut râler sur le changement de setlist effectué à la dernière minute : ils suppriment l'excellente From the Stars pour ajouter une chanson de leur deuxième album prévu pour janvier, Streetlights. Ils auraient franchement pu ajouter la nouvelle sans supprimer l'ancienne...
Quatuor lors de leur prestation en première partie de Muse le 12 juin au Stade de France, WL s'agrandit encore pour former un quintette. Il y a donc certes plus de musiciens, mais ils n'ajoutent rien de plus intéressant que ce que faisait le trio à ses débuts (en 2009 à Montréal, par exemple...). D'ailleurs, même si le groupe est là pour commencer la promotion de Ritual, il s'assure que le public trouve ses repères en ouvrant le concert sur A Place to Hide et en le clôturant sur Death, chansons de leur premier album To Lose My Life. Entre-temps, on chante et on saute sur To Lose My Life, Bigger than Us (le nouveau single), E.S.T. et Unfinished Business, et on découvre Holy Ghost, Peace & Quiet, Strangers et Streetlights. Ces dernières sont malheureusement trop soulignées par des synthétiseurs superflus. Un peu, c'est agréable (notamment sur Bigger than Us), mais la présence des synthés sur toutes les nouvelles chansons, c'est décevant : on tombe dans des répétitions d'ambiances, même si cela reste de bonne qualité.
L'ensemble de la prestation se révèle donc tout de même plus sérieux que leur passage à l'Élysée Montmartre le 28 octobre 2009, l'interprétation des compositions étant plus travaillée, plus sombre, plus juste, comme la voix de Harry. De plus, Charles, le bassiste et compositeur, vit pour sa musique et transmet au public son amour pour elle, et Jack, le batteur, est tout simplement parfait. WL gâche son entrée de rappel avec le son synthétique ruinant la mélodie d'introduction de Farewell to the Fairground, qui se termine toutefois parfaitement. Puis, les Anglais proposent un nouveau morceau prometteur, Power & Glory, avant d'offrir Death à une Flèche d'Or comblée. White Lies est un très grand groupe qui doit confirmer son statut avec son deuxième album prévu pour le 17 janvier. On a hâte d'entendre l'intégralité de Ritual en studio !

La dernière soirée Inrocks Indie Club de l'année était aussi le dernier concert de 2010 pour CotNS. Une soirée bien plus équilibrée que celle des Inrocks Indie Club du 23 juin dernier à La Maroquinerie, avec des performances qui prouvent que l'on peut encore être surpris et touché en live.

20/12/2010

Sound of Noise - Ola Simonsson & Johannes Stjärne Nilsson

Sound of Noise, c'est la version longue de Music for one appartment and six drummers, court métrage époustouflant de 2001 mettant en images un concert de percussionnistes en quatre mouvements : Cuisine, Chambre, Salle de bains et Salon. Avec leur premier long métrage, les réalisateurs suédois Ola Simonsson et Johannes Stjärne Nilsson imposent un style déjanté, original, décalé, libre, déconcertant, fou, délirant, frappé, dément... Bref, complètement "barré".
 
Amadeus Warnebring (Bengt Nilsson) est né dans une illustre famille de musiciens. Son prénom le prédestinait à une grande carrière musicale, comme son petit frère devenu célèbre chef d'orchestre, mais Amadeus est allergique à la musique. Il la déteste. Pourtant, celle-ci va la rattraper jusque dans son métier, policier. Car Amadeus doit se lancer à la poursuite de terroristes musicaux qui sévissent dans la ville : six percussionnistes souhaitent réaliser un concert en quatre mouvements ; d'abord dans un hôpital, puis dans une banque, devant un auditorium ensuite et finalement dans une centrale électrique.
Rythmé par un métronome jouant avec les nerfs de l'inspecteur Warnebring, Sound of Noise est un film sérieux mais plein d'humour, qui véhicule des idées anarchistes en présentant un travail expérimental sur les sons. La recherche sonore est impressionnante et les Six Drummers font preuve d'une rare ouverture d'esprit en détournant avec talent des objets du quotidien. On pourrait cependant reprocher à ces chirurgiens du son de faire la guerre à la musique classique, laquelle endosse injustement le mauvais rôle.
Au-delà de la prédominance des bruits musicaux, et même des silences, l'image est éclatante. Le travail de la directrice de la photo, Charlotta Tengroth, est remarquable, et la réalisation est proprement travaillée. Sound of Noise, c'est plus qu'un film, c'est un concept artistique génial, une œuvre musicale visible, un OFNI (objet filmé non identifié). Ce n'est pas une comédie musicale, c'est un drôle de film sur la musique, à voir en version originale pour profiter de la musicalité de la langue suédoise, ajoutant un peu plus d'absurdité à la chose.

La seule fausse note : une fin un peu faible...

17/12/2010

Scott Pilgrim - Edgar Wright

Un phénomène pour fêter la première année de Curse of the Ninth Symphony.

Scott Pilgrim, c'est le héros éponyme d'un excellent comic book canadien, né du brillant esprit de Bryan Lee O'Malley. Les six volumes, un concentré de culture pop et geek, ont été adaptés par Edgar Wright. Le réalisateur signe un très bon film culte, visuellement maîtrisé, et écrit ainsi que monté sur le modèle de la bande dessinée : dialogues vifs, transitions brutales et, détail propre à Scott Pilgrim, incorporation des éléments du jeu vidéo (aussi bien visuels qu'auditifs).

Scott doit affronter et vaincre les sept ex-petits amis maléfiques de Ramona pour être avec elle. Dit comme ça, ce n'est pas très palpitant. Mais passer à côté du comic book comme du film serait une grosse erreur ! Car Scott Pilgrim, c'est drôle, rythmé et générationnel. Et dès la première seconde de la bobine du film (légèrement abîmée, à croire que Scott Pilgrim est décidément maltraité en France : sortie tardive au cinéma, à l'affiche dans soixante-quatre salles en France, quatre à Paris, et durée ultra-limitée), on entre dans l'univers Scott Pilgrim. Le ton est donné par un logo Universal pixelisé accompagné du célèbre thème en version 8-bit ; on ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire.
Pour filmer Toronto (les lieux du comic book existent vraiment), les Sex Bob-omb (groupe de rock dans lequel joue Scott) et les combats de superpouvoirs à la fin desquels le perdant se désagrège en pièces de monnaie, Edgar Wright s'est entouré, entre autres, de Bill Pope (directeur photo de la trilogie Matrix) à l'image et de Nigel Godrich (producteur de Radiohead) pour la musique originale ; pas n'importe qui, donc. Côté casting, Michael Cera (Juno, Une Nuit à New York) interprète brillamment Scott ; Mary Elizabeth Winstead (Boulevard de la mort) est juste, mais a parfois le regard vide comparé à la magique Ramona fictive ; Alison Pill (Milk) est étonnante en batteuse, même si on ne la voit que peu ; Jason Schwartzman (voix dans Fantastic Mr. Fox cette année) est parfait en Gideon ; mais Anna Kendricks (In the Air), qui joue Stacey, la sœur de Scott, est censée avoir moins de 20 ans et ses 25 la trahissent. Certains visages connus de séries sont présents, comme Brandon Routh (Chuck) et Brie Larson (United States of Tara), laquelle avait le potentiel d'être bien plus belle dans son rôle de Envy. Pourquoi n'a-t-il pas été exploité ?
Au-delà de minimes erreurs dans le choix des acteurs (on se fait toujours sa propre idée des personnages, même quand ils sont dessinés), la seule chose que l'on peut regretter, c'est que les six volumes sont condensés en un film. Car, malgré la réussite, certains détails ont été évincés ou modifiés, et le plaisir demeure trop court ! La clé du plaisir est donnée par une réplique apparemment anodine, entendue au détour d'une conversation... Dans le comic book, les personnages s'adressent parfois au lecteur et prennent conscience qu'ils font partie d'une histoire découpée en volumes. Cette capacité autoréflexive trouble le lecteur qui peut se laisser aller à imaginer une réalité Scott Pilgrim. Ce rapport à la réalité existe aussi dans le film : l'un des personnages dit rapidement, en plein milieu d'une séquence d'action, que les BD sont mieux que le film. Une réplique qui passe presque inaperçue, mais que l'on peut aussi appliquer à la réalité. Et le film est "awesome", alors comment peuvent être définis les livres ?!

Name : Scott Pilgrim ; Age : a few years (it's a comic book and a movie, dude !) ; Rated : an epic of epic epicness

08/12/2010

Machete - Robert Rodriguez

À peine sorti en salle, Machete était déjà culte grâce au teaser. Confirmation avec ce long métrage aussi drôle que violent, digne du réalisateur, scénariste, monteur et producteur Robert Rodriguez (Sin City, Planète Terreur). Machete, à l'origine, c'était une fausse bande-annonce qui ouvrait Planète Terreur. Rodriguez en a fait un film Grindhouse.

Machete, c'est l'histoire d'un homme qui se bat. Mais contrairement à celle de Biutiful, elle est extravagante et filmée sous un angle vintage et parodique. Et si Danny Trejo porte le film, les seconds rôles n'en sont pas moins délectables, avec les bombes Jessica Alba (The Killer Inside Me), Michelle Rodriguez et Lindsay Lohan, et un Robert De Niro en politicien raciste et conservateur.
Machete, c'est cinq tonnes d'action et d'explosion, quelques scènes ultrasexy, beaucoup de sang et d'images gores, une réalisation, un montage et une photo travaillés, sublimés par une bande-son énergique, et des dizaines de répliques aussi ridicules que cultes ("Machete don't text.", "I thought Machete don't text !/Machete improvise.", "Machete sent me a text./What did it say ?/'You just fucked with the wrong Mexican.'").
Machete, c'est simplement un excellent Robert Rodriguez. Un film hommage aux séries B qui explose tout sur son passage, en puisant sa puissance dans la médiocrité.

Machete, c'est bientôt Machete Kills et Machete Kills Again. Mythique.

07/12/2010

Biutiful - Alejandro González Iñárritu

Biutiful n'est pas un mauvais film, mais le réalisateur, scénariste et producteur, Alejandro González Iñárritu, aurait pu mieux faire. Iñárritu, qui a aussi produit Mother and Child cette année, c'est celui qui a offert au cinéma Amours Chiennes, 21 Grammes et Babel. Mais avec ce long métrage, qu'il a coproduit avec les réalisateurs Alfonso Cuarón et Guillermo del Toro, il signe un drame intimiste bien trop misérabiliste.

C'est l'histoire d'un homme, de sa vie, de ses angoisses... Et c'est déjà perturbant quand on a l'habitude des destins croisés scénarisés par Guillermo Arriaga. Mais Iñárritu s'est séparé de ce dernier, et livre une succession étouffante de malheurs liés à la mort, dans une ville sordide habituellement représentée comme festive : Barcelone.
Hormis une scène bouleversante entre un père et sa fille réaliste, et une autre touchante et étrange entre un fils et le cadavre plutôt bien conservé de son père (mort plus jeune que lui), le film, porté par Javier Bardem (prix d'interprétation masculine au festival de Cannes), en fait trop.
L'ensemble aurait mérité des coupes, pour ne pas emprisonner le spectateur dans une triste et lourde fièvre approchant les deux heures et demie. On finirait presque par ne plus être touché, insensible à cette montagne de séquences funestes.

Biutiful conserve une certaine saveur grâce à la langue espagnole qui réchauffe ce film dénué d'espoir.

06/12/2010

Red - Robert Schwentke


Red, de Robert Schwentke, est un film sans prétention qui donne ce qu'il promettait : de l'humour, de la détente et de la qualité. Drôle, délirant et récréatif, tant pour les acteurs que pour les spectateurs, ce long métrage est efficace si l'envie prend certains de s'amuser un peu dans une salle obscure.


D'abord, Red est un exercice de style maîtrisé. On plonge dans une ambiance d'entre-deux mêlant action et comédie. On a sa dose de cascades et d'effets spéciaux, très justement mesurée pour être bluffé et rire en même temps. Le réalisateur ne dépasse jamais la limite qui le ferait tomber dans le kitsch pathétique.
Le choix des acteurs est aussi pour beaucoup dans cette simple réussite. Bruce Willis, Morgan Freeman, John Malkovich et Helen Mirren, ces grands du cinéma à la filmographie bien remplie sont humbles et toujours aussi talentueux, tout en ayant l'air de prendre du plaisir à jouer les "retraités extrêmement dangereux" de la CIA. John Malkovich tout particulièrement, et Morgan Freeman (Invictus), qui en impose toujours autant.
Enfin, dans ce film jamais trop sérieux mais pas dénué de sens pour autant, Karl Urban endosse très bien le costume de l'ambitieux agent de la CIA. On ne réfléchit pas et on se laisse aller...

"I'm getting the pig !"