26/01/2011

9e symphonie de Antonín Dvořák @ Salle Pleyel

Vendredi 14 janvier 2011, j'aurais pu aller revoir les Chemical Brothers au Zénith de Paris, me prendre des coups et sauter sur du bon gros son électro ; j'aurais aussi pu découvrir les merveilleux Godspeed You ! Black Emperor en live à la Grande Halle de la Villette, me prendre une claque et entrer en transe post-rock. J'ai choisi d'aller écouter, entre autre, la 9e symphonie de Dvořák, dite "Symphonie du nouveau monde", à la Salle Pleyel.

Je pourrais m'arrêter là. D'abord parce que ça a son charme, le mystère... Mais surtout parce qu'il m'est difficile de mettre des mots sur la musique classique. Pour moi, c'est une histoire de ressenti, et ma connaissance de la musique, dans son sens le plus pur, est lacunaire. Je vais même jusqu'à entendre les mêmes notes dans l'œuvre Fanfare for the Common Man de Aaron Copland, magnifiquement jouée en ouverture de soirée, que dans la partition de Daft Punk pour le film Tron : Legacy. C'est dire si ma critique pourrait être de mauvaise qualité.
Alors, je pourrais écrire sur l'acoustique parfaite de la Salle Pleyel, m'énerver à propos des auditeurs irrespectueux ou m'extasier sur la technique de la violoniste Hilary Hahn, qui interprétait le concerto pour violon de Gian Carlo Menotti en première partie. Mais ça sonnerait faux. Ou plutôt, ça cacherait mes faiblesses. La vérité, c'est que je me suis sentie toute petite, que mes oreilles ont profité de cette histoire musicale en quatre mouvements, et que mes yeux n'ont cessé d'admirer la finesse du toucher et la virtuosité des musiciens de l'Orchestre philharmonique de Radio France.
La musique classique me fascine et m'emporte, et l'expérience du live est vraiment unique. Ce n'était pas ma première fois, mais c'était tout comme. La 9e symphonie de Dvořák est vraiment un chef-d'œuvre ; entre ascension vertigineuse de cordes et intervention de cors tout en puissance, de flûtes et de hautbois délicats, la contradiction des sentiments est palpable.

Cette soirée, sous la direction de l'énergique Pietari Inkinen, a été une réussite musicale et émotionnelle.

25/01/2011

Même la pluie - Icíar Bollaín

 

Icíar Bollaín, actrice, réalisatrice et scénariste espagnole, réalise un long-métrage maîtrisé aux sujets croisés. Même la pluie aurait pu se perdre dans l'analogie ; ce n'est pas le cas. La mise en scène équilibrée dénonce avec sensibilité la situation de l'Amérique Latine du XVIe siècle et celle du XXIe siècle.

C'est donc entre le tournage du film de Sebastian sur la colonisation de l'Amérique Latine par les Espagnols et la "guerre de l'eau" (qui a fait rage en Bolivie en 1999) menée par l'un des figurants boliviens, que la réalisatrice et son scénariste (Paul Laverty, complice de Ken Loach) emmènent le spectateur. Le parallèle entre les deux époques est évident, et s'il dénonce le contexte socio-politique de la Bolivie (et par extension, celui de l'Amérique latine), c'est l'aventure humaine qui, finement, se révèle essentielle.
En effet, les personnages principaux, celui du réalisateur (Gael García Bernal ; Amours Chiennes, La Mauvaise Éducation, Carnets de voyage) et celui du producteur (Luis Tosar, The Limits of Control) se dressent chacun à leur manière contre les injustices. L'un s'enfonce dans son obsession de dénoncer à travers l'art, l'autre se détache de ses obligations financières pour sauver un figurant du film, acteur principal de la révolution en marche : Daniel (Carlos Aduviri), et sa fille, également figurante.
Quant aux comédiens, ils sont impeccables. Même les seconds rôles, comme celui de Carlos Santos, qui campe un acteur charismatique et courageux mais terriblement seul et alcoolique, sont justes. Cela donne de la profondeur aux propos sur la colonisation et la mondialisation. Et sans s'emmêler dans ces sujets, la réalisatrice propose également une réflexion sur le processus de création (le film à l'intérieur du film) et sur la nécessité de montrer la vérité au monde (la cadreuse désirant capturer des images pour un documentaire) ; parce que, si raconter l'Histoire est important, la vivre, en être conscient et ne pas la laisser se répéter est primordial.

Un beau moment de cinéma, plein de poésie. Une leçon d'humanité.

17/01/2011

Pianomania - Robert Cibis & Lilian Franck


Le premier film intéressant, captivant et même fascinant de l'année 2011 est un documentaire : Pianomania de Robert Cibis et Lilian Franck. On y suit Stephan Knüpfer, un accordeur de pianos chez Steinway & Sons, un magicien du son, devant répondre aux moindres désirs des plus grands pianistes du monde.

Au niveau cinématographique pur, Pianomania n'a rien d'extraordinaire ; la réalisation n'est pas son point fort, et le montage souffre de plans intermédiaires inutiles sur les rues de Vienne ou des paysages quelconques. Pourquoi alors aller voir ce film ? Parce que le sujet est tellement fin et bien traité que l'on se laisse emporter par la folie de ces névrosés du son à la recherche de la perfection.
Travaillant sans relâche pour atteindre un idéal, auprès de grands pianistes comme Lang Lang ou Pierre-Laurent Aimard, Stephan Knüpfer se révèle être un personnage hors du commun mais discret, talentueux mais humble. C'est une sorte de génie humain, patient, compréhensif, réaliste, impliqué, concentré ; et surtout, c'est un homme passionné et passionnant.
En filmant ce métier exigeant précision et adaptation à n'importe quel environnement (différentes salles de concert, prise de son pour enregistrements...), Robert Cibis et Lilian Franck montrent combien les mains et les oreilles d'un accordeur sont aussi précieuses que celle d'un pianiste. Et même si l'on ne baigne pas dans cet univers singulier et plutôt fermé, il est impossible de rester insensible à cet amour pour le son, et plus particulièrement pour le piano.

Un documentaire dont l'obsession et la prise de son devraient être un exemple dans certains autres milieux musicaux.

07/01/2011

Somewhere - Sofia Coppola

Le premier film très attendu de l'année déçoit malgré quelques jolis moments. Somewhere de Sofia Coppola ne répond pas aux attentes que l'on pouvait avoir concernant la réalisatrice de Virgin Suicides, Lost in Translation et Marie-Antoinette.

D'abord, la première scène annonce le rythme du film : il sera monotone, répétitif, à la limite de l'ennui. Le sujet de Somewhere ("Quelque part"), c'est le vide de cet acteur hollywoodien réfugié dans la suite 59 de l'hôtel du Château Marmont, qui ne sait pas qui il est ni ce qu'il veut. Perdu entre filles (on ne s'attardera pas sur le fait psychologique perturbant qu'elles sont toutes blondes comme sa fille, et que l'une d'entre elles a un physique très enfantin), argent, alcool, chagrin et déprime, Johnny Marco va peu à peu reprendre goût à la vie grâce à Cléo, sa fille de onze ans.
La réalisatrice filme avec sincérité ce lieu mythique où elle a habité, et a décelé l'alchimie qui se créerait entre ses acteurs principaux : Stephen Dorff (Cecil B. Demented), à qui elle donne la possibilité de montrer l'ampleur de son talent, et Elle Fanning (L'étrange histoire de Benjamin Button, Babel), qui n'a pas encore la prestance de sa sœur mais qui choisit mieux ses rôles (Dakota a beaucoup tourné après Sam, je suis Sam pour enfin se démarquer en interprétant Cherry Currie dans The Runaways).
Mais le scénario est faible, les scènes d'ouverture et de fermeture sont une métaphore trop facile (et il n'y a pas que celle-là), les silences se font trop présents (même si Sofia Coppola travaille les non-dits, il y a des limites), et si la musique est signée Phoenix et attire nombre de fans, on retient plutôt la présence des Foo Fighters, des Strokes, de Police, de T. Rex, de Sébastien Tellier (scène également francisée par la présence de Aurélien Wiik) et de Amerie (One Thing étant sa seule chanson excellente). Les Versaillais ont fait un travail de production plus que de composition.

Somewhere est loin d'être mauvais, mais la bande-annonce montrait tout et le long métrage perd de sa fougue.

05/01/2011

Love et autres drogues - Edward Zwick

Premier film de 2011, un film de la fin 2010, et première déception de l'année : Love et autres drogues de Edward Zwick. On y allait pour les deux acteurs principaux, Jake Gyllenhaal et Anne Hathaway, on ressort ahuri par l'ennui que cette adaptation de Hard Sell : The Evolution of a Viagra Salesman (ouvrage de Jamie  Reidy) peut provoquer.

Le film commence pourtant bien, tout en musique et en énergie. On s'installe volontiers dans cette histoire qui promet de dépasser le niveau des comédies romantiques habituelles. Mais cette romance fait des promesses qu'elle ne tiendra pas. Au début de la deuxième moitié, quand l'ennui commence à se faire sentir, on tombe dans les clichés qu'une morale consternante vient relever.
Ce qui est étonnant, c'est que malgré une mise en scène excessive, soumettant trop de séquences sexuelles et trop de séquences tout court, le couple Jake Gyllenhaal (craquant) et Anne Hathaway (lumineuse) demeure juste et touchant. De vrais comédiens qui réussissent à maintenir le spectateur impatient que cela se termine au fond de son siège.
Ce long métrage très moyen, mêlant amour, maladie et dénonciation des pratiques de l'industrie pharmaceutique, ne trouve aucun équilibre, même au niveau de la bande-son (médiocre). Et sans la critiquer (ou en tout cas pas assez clairement pour un public moins averti), le réalisateur montre la débilité des gens qui pensent que le bonheur passe par le sexe, qu'il est honteux d'être impuissant et qu'il existe une solution médicamenteuse. Consternant. Il est temps d'oublier et de passer à 2011.

Un film qui vise au-dessus de la moyenne du genre et qui n'y parvient pas.

02/01/2011

Sélection des 15 meilleurs films de 2010

Cette année, impossible de faire un top 10 : il y a eu trop d'excellents et de très bons films. Voilà donc les quinze meilleurs, sur une cinquantaine de longs métrages vus en 2010.
De l'émotion, de la réflexion et même de la détente intelligente ; on aimerait juste un peu moins de spectateurs irrespectueux pendant les séances.



Bonus !
Cinq films qu'il ne faut pas manquer non plus.



Après une telle année de cinéma, plus active qu'en 2009, on espère que l'an prochain réservera d'aussi bons moments, en passant davantage de temps dans les salles obscures.

01/01/2011

Sélection des 10 meilleurs albums de 2010

L'année 2010 a été plutôt bonne concernant les sorties d'albums ; entre nouveautés et confirmations, certains artistes se sont bien débrouillés, surtout quand on constate que de plus en plus de productions médiocres voient le jour.
Ces dix albums sont puissants, délicats et profonds, ce sont les meilleurs des douze derniers mois.

Go Jónsi
Tron : Legacy Daft Punk
The Magician's Private Library Holly Miranda
Crystal Castles Crystal Castles
There is Love in You Four Tet
Total Life Forever Foals
Scratch My Back Peter Gabriel
Sea of Cowards The Dead Weather
Mines Menomena


Bonus !
Même s'ils n'ont pas complètement rythmé 2010, ils ont une longue vie devant eux.

BrothersThe Black Keys
InnerspeakerTame Impala
Church with no MagicPVT


Les oubliés de 2009 : deux chefs-d'œuvre musicaux qui méritent amplement leurs places au sommet des tops.

This is War30 Seconds to Mars





No More Stories Are Told Today I'm Sorry They Washed Away, No More Stories The World Is Grey I'm Tired Let's Wash AwayMew




Il y aura très certainement des oubliés de 2010 dans la sélection de 2011, mais ceux qui représentent l'année écoulée sont là.