30/11/2011

Les Aventures de Tintin : Le Secret de la licorne - Steven Spielberg



L'odeur de nachos, les enfants qui s'ennuient, les conversations téléphoniques et les réactions exagérées n'ont pas dû aider, mais Les Aventures de Tintin : Le Secret de la licorne de Steven Spielberg n'a pas été une bonne surprise. C'est un film froid, sans nostalgie, et la 3D, inutile, fait très mal aux yeux.

Première chose, la performance capture était le plus mauvais choix à faire pour adapter Tintin. D'un point de vue technique, la démonstration est réussie, mais on repassera pour l'authenticité. La surenchère n'est pas que visuelle, elle est également scénaristique ; ce qui est probablement dû au mélange de trois volumes des aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne, Le Trésor de Rackham le rouge et Le Crabe aux pinces d'or.
Pendant deux heures, les scènes d'action s'enchaînent à un rythme effréné jusqu'à susciter l'ennui. Spielberg a oublié que Tintin n'était pas Indiana Jones, et il aurait pu s'éviter le ridicule en supprimant la séquence de la bataille entre grues de chantier...
Pour terminer sur une note positive, seul le capitaine Haddock est plutôt fidèle à son personnage (merci Andy Serkis), la scène de la bataille navale est impressionnante et la partition de John Williams correcte.

Ça donne envie de se replonger dans les bandes dessinées ou même dans la série télévisée pour oublier.


Steven Spielberg, producteur exécutif :

29/11/2011

La Couleur des sentiments - Tate Taylor

Est-ce qu'un film semble meilleur ou moins bon selon les conditions dans lesquelles on le voit ? Très probablement. Être allongé dans un fauteuil inclinable, sous une couverture, une crêpe au Nutella prédécoupée et une orange pressée à disposition, pour une projection presque privée dans un pays étranger, ça aide à apprécier le prévisible The Help de Tate Taylor.

En France, le film adapté du best-seller de Kathryn Stockett s'appelle La Couleur des sentiments. Un choix plutôt justifié puisque ce long métrage dégouline de bons sentiments et, même si le mot "couleur" fait référence à celle de la peau des personnages, on pense aussi à la photographie très colorée.
D'autant que la ségrégation et les droits civiques ne sont qu'un prétexte pour mettre en avant le combat des femmes, et plus particulièrement celui d'une Blanche pour les Noires... Progressivement, le film au potentiel dramatique évident se transforme en comédie de la bonne conscience.
Ce qui sauve The Help, c'est le très bon casting. Emma Stone, Bryce Dallas Howard, Jessica Chastain, Viola Davis et Octavia Spencer sont toutes douées (mention spéciale à Bryce Dallas Howard). Malheureusement, elles ne font pas oublier les clichés et la mise en scène très pauvre.

Quand on a goûté au cinéma dans une platinum movie suite, difficile de garder son calme dans une salle traditionnelle remplie de mal élevés.


Emma Stone :

Jessica Chastain :

Bryce Dallas Howard :
Restless (productrice)

Chris Lowell :

27/11/2011

L'intégrale des symphonies de Beethoven @ Salle Pleyel

Fin octobre 2011, le Gewandhausorchester Leipzig, dirigé par le grand Riccardo Chailly, proposait l'intégrale des symphonies de Beethoven à la Salle Pleyel. Un rêve. La beauté de ces partitions méritant un respect et un silence absolus, on aurait apprécié l'absence des tousseurs et gigoteurs. Une plaie. Hormis ces parasites, l'expérience a été des plus incroyables. En plus des neuf symphonies, cinq créations contemporaines commandées pour l'occasion ont été interprétées ; toutes véhiculaient une ambiance cinématographique plus ou moins tendue, intrigante, angoissante. Mais à côté des compositions du maître allemand, elles étaient plutôt faibles. Une évidence.


Samedi 22 octobre

Deuxième
Introduction lente, thèmes légers et finale puissant... C'est les larmes aux yeux qu'on se demande comment un membre de l'espèce humaine a pu créé un jour quelque chose d'aussi beau en langage musical. Ludwig van Beethoven est un génie qui raconte des histoires avec des notes de musique et guérit les oreilles malades des bruits du quotidien.

Cinquième
Le motif initial de trois brèves suivies d'une longue est célébrissime. Et c'est un bonheur de ressentir ses quatre notes vibrer à l'intérieur du corps. La suite moins connue de cette symphonie intense a malheureusement été jouée de façon légèrement poussive. Était-ce une conséquence de la pression du premier soir ? Les applaudissements se sont malgré tout fait entendre pendant plus de cinq minutes, et les bravos ont fusé.


Dimanche 23 octobre

Première
Quand le premier mouvement fait naître des sensations nouvelles, le deuxième, d'une douceur ravissante, apaise les sens avant que le troisième, court et rapide, confirme ces sensations inédites. Le quatrième mouvement scelle brillamment la symphonie : ses dernières mesures fantastiques appellent des applaudissements immédiats.

Septième
Ambitieux, le premier mouvement de cette symphonie est la preuve que l'on peut mêler grandeur et subtilité. Ensuite, le solennel et mythique deuxième mouvement provoque inévitablement des frissons. Après cette marche lente, les troisième et quatrième mouvements s'unissent dans un rythme entraînant, qui fait bondir de son fauteuil à la dernière note pour remercier chaleureusement l'orchestre et son chef d'avoir offert un si bel après-midi musical.


Samedi 29 octobre

Huitième
D'abord, les notes figurent des papillons virevoltant sur une mélodie joyeuse. Les cordes se font par la suite délicates, d'une grâce légère, laissant progressivement les vents se démarquer. C'est dans le quatrième mouvement que les instruments se marient harmonieusement, percussions comprises. Les applaudissements qui suivent sont sincères mais plutôt brefs.

Troisième
Cette symphonie ne s'appelle pas Eroica pour rien. L'épique premier mouvement foisonne d'idées et multiplie les thèmes. La marche funèbre, noire et grandiose, est rondement menée par les contrebasses. La vitalité revient avec le troisième mouvement, dans lequel les instruments s'appellent et se répondent, jusqu'au finale fougueux, parsemé d'effets de surprise.


Dimanche 30 octobre

Quatrième
Cette pièce contient un premier mouvement fascinant, sombre et ravissant. Et le reste, dynamique et enjoué, est un enchantement pour les oreilles. Alors, pourquoi le public a-t-il si peu applaudi ? Cette symphonie de Beethoven serait-elle sous-estimée parce qu'elle est la seule à avoir fait l'objet d'une commande ? C'est pourtant un régal auditif.

Sixième
La Pastorale est malheureusement trop connue. Le public n'a pas été attentif à la beauté de la Quatrième symphonie parce qu'il attendait la Sixième. Plutôt léger dans l'ensemble (Beethoven ayant écarté le dramatique pour créer un univers bucolique, agréable et sans mystère), cet ouvrage est cependant radieux. Et l'interprétation du Gewandhausorchester Leipzig a été à la hauteur des espérances.


Lundi 31 octobre

Neuvième
Accompagnés du Chœur de Radio France, Riccardo Chailly et son orchestre ont fini la série des symphonies de Beethoven en apothéose. La Symphonie n°9 en ré mineur op. 125 dite Hymne à la joie est un chef-d'œuvre, une merveille purement magique. L’inclusion de voix dans une œuvre symphonique représente un pas sans précédent dans la musique classique, mais surtout, cette Ode à la joie de Schiller mise en musique suscite une immense émotion. Beethoven a synthétisé le travail d'une vie ; impossible de ne pas pleurer devant tant de perfection.


Inoubliable.


Gewandhausorchester Leipzig, dirigé par Riccardo Chailly :
7e symphonie de Antonín Dvořák @ Salle Pleyel

Salle Pleyel :
9e symphonie de Antonín Dvořák @ Salle Pleyel

22/11/2011

Polisse - Maïwenn

Parfois, on n'aime pas l'attitude d'une personne, mais on se sent obligé d'admettre qu'elle a accompli une très belle chose. Maïwenn a réalisé Polisse, un long métrage aussi bon que ses autres films étaient mauvais. Polisse a été récompensé par le Prix du jury au Festival de Cannes 2011, à juste titre, même si les critiques n'ont pas été unanimes.

Polisse décrit le quotidien des policiers de la BPM (la brigade de protection des mineurs). Maïwenn a pris le temps de développer l'histoire de ceux qui doivent chaque jour interroger des pédophiles, des parents maltraitants, des enfants et des adolescents perdus dans la société d'aujourd'hui, etc. Une multitude d'histoires se mêlent dans un montage habile, ponctué de scènes et de répliques cultes malgré des sujets difficiles.
La plus grosse erreur de la réalisatrice, c'est de s'être donné un rôle. D'abord parce qu'il n'est pas indispensable, ensuite parce qu'une autre actrice l'aurait mieux interprété. Cela dit, elle se rattrape avec le reste du casting (c'est toujours un plaisir de voir Nicolas Duvauchelle), notamment en choisissant Joey Starr, incroyable, et Marina Foïs, magnifique.
L'ensemble est nerveux, furieux, révoltant, mais aussi bouleversant, attendrissant et authentique ; juste en même temps qu'injuste. Polisse n'est jamais glauque ni tire-larmes (même si on en verse, de tristesse et de joie), c'est un film réaliste. On souffre d'assister à tant de violences humaines, mais c'est une souffrance utile.

"T'façon les mecs c'est tous des sales races."


Karin Viard :

Frédéric Pierrot :

15/11/2011

The Artist - Michel Hazanavicius

On l'a tellement attendu, on en a tellement entendu parlé, que la surprise de découvrir un film muet en noir et blanc et en 1.33, réalisé par un Français, n'est pas venue. The Artist de Michel Hazanavicius est un long métrage indispensable, qui rappelle d'où vient le Cinéma, art de l'image. L'esthétique est travaillée, les mises en abyme sont très intéressantes (par exemple, la première phrase du film est "Je ne parlerai pas") et l'héritage du cinéma des années 1920 a bien été transmis.

Si les références au 7e art sont nombreuses (Citizen Kane, Singin’ in the Rain, Seventh Heaven, A Star is Born, etc.), le film possède sa propre identité, grâce notamment à l'interprétation de son acteur principal, Jean Dujardin, lequel mérite son prix d'interprétation au Festival de Cannes 2011. On l'a connu hilarant, on l'a découvert capable de tenir des rôles tragiques ; dans The Artist, il excelle en tant qu'acteur muet, expressif sans trop en faire.
On ne peut en dire autant de Bérénice Béjo, moyenne lors de ses premières apparitions, mais qui trouve peu à peu sa place aux côtés de John Goodman, James Cromwell ou encore Malcolm McDowell, et se révèle pétillante. Autre acteur à part entière, qui a le droit d'être mentionné dans une critique tant son rôle est essentiel et attachant : Uggy, le petit chien malicieux parfaitement dressé, qui feint la mort, fait du skateboard et sauve son maître, entre autre.
Dans cette histoire d'amour sur fond de bouleversement cinématographique à Hollywood (passage du muet au parlant), le scénario étant assez simple malgré les rebondissements, on s'attarde sur la photographie, les jeux de lumières, sur la beauté de certaines séquences (la première scène de tournage, le numéro de claquettes...) et, comme un film muet n'est pas un film silencieux, sur la musique. N'est pas compositeur de musique de film qui veut, mais force est de reconnaître que Ludovic Bource livre une partition idéale et participe au succès de ce long métrage mêlant noirceur et enthousiasme.

Les dernières secondes viennent très légèrement gâcher l'ensemble brillant. Michel Hazanavicius et Anne-Sophie Bion (la monteuse) auraient dû écouter le personnage du réalisateur criant "Cut !".


Jean Dujardin :
Les Petits Mouchoirs