25/12/2011

Noel Gallagher's High Flying Birds @ Casino de Paris

Quand Oasis s'est séparé en 2009 à Rock en Seine, nombre de fans ont juré de boycotter les projets personnels des frères Gallagher. Beaucoup l'ont fait sans mal avec le groupe de Liam, Beady Eye, mais quand Noel a gracieusement sorti ses nouvelles compositions, on est (re)tombé sous le charme. Il était donc inenvisageable de ne pas assister au concert de Noel Gallagher's High Flying Birds au Casino de Paris le 6 décembre 2012.


The Electric Soft Parade
Pendant la première partie plutôt banale pour ne pas dire chiante, le public s'installe progressivement, boit et s'impatiente. Trente-cinq minutes de pop aux mauvaises harmonies vocales et au synthé crispant, c'est long. Le seul élément intéressant, c'était le final instrumental tout en lâcher prise, mais même ça, The Electric Soft Parade n'a pas su le maîtriser, le faisant traîner.
Le son est fort, trop fort. Même quand c'est la musique d'attente qui résonne dans le Casino de Paris. Heureusement que la setlist est bonne (préparée par Noel ?) : Ticket to Ride des Beatles, Deep Blue d'Arcade Fire, Between the Lines de Bonobo feat. Bajka, etc. La musique s'évanouit enfin, en même temps que la lumière s'éteint. Et la foule scande le prénom du demi-dieu tant attendu...

Noel Gallagher
Noel entre sur scène sous de chaleureux applaudissements. L'homme dégage tellement de classe et de grandeur qu'en lançant un simple "Bonsoir !" au public, ce dernier s'enthousiasme déjà. Les High Flying Birds et Noel entament (It's Good) To Be Free, comme un clin d'œil à la nouvelle liberté de Noel sans Oasis, sans son frère si charismatique. Un triomphe d'entrée de set. Après une autre cover d'Oasis, Mucky Fingers, le groupe joue l'une des plus belles compositions de Noel, Everybody's on the Run. La voix est claire, puissante et fait remonter les plus beaux souvenirs qu'on a avec Oasis. On frissonne, on chante ces nouvelles paroles par cœur et on se surprend à avoir les larmes aux yeux, de bonheur.
Après Dream on, les acclamations de la foule survoltée, un petit "It's nice to be back in Paris !", l'oasienne If I Had a Gun..., The Good Rebel, une version très sincère de The Death of You and Me et Freaky Teeth, on se dit que le talentueux Noel s'est entouré d'excellents musiciens. Mais c'est lui que tout le monde est venu voir. Et lui, il sait ce qu'on veut entendre : Wonderwall. Une telle surprise que les larmes coulent discrètement sur certains visages. Il n'y avait que Noel pour offrir une version épurée, sublimée, différente mais toujours aussi magique de ce chef-d'œuvre. L'ovation amène le leader à montrer qu'il n'a pas perdu son humour : "Have u finish ? Can I carry on ?" Et il continue avec Supersonic. Une bombe. 
Quand les musiciens le rejoignent, ils enchaînent (I Wanna Live in a Dream in my) Record Machine, AKA... What a Life !, Talk Tonight (Oasis cover), Soldier Boys and Jesus Freaks, AKA... Broken Arrow, Half the World Away (Oasis cover) et (Stranded on) The Wrong Beach. Et pour terminer cet excellent concert, Noel Gallagher's High Flying Birds joue trois morceaux d'Oasis en rappel : Little by Little, The Importance of Being Idle, et la mythique Don't Look Back in Anger. Car, même si Liam pense que son frère est con, il est très loin de l'être : Noel sait que son public, c'est celui d'Oasis. Le split de 2009 est resté en travers de la gorge des fans. Alors on a tous essayé de le faire sortir en hurlant les paroles des chansons du groupe que Noel joue parfaitement.


C'est bien Noel l'âme d'Oasis, le cinquième Beatles, le génie. Ses compositions sont superbes, et quand on entend Wonderwall et Don't Look Back in Anger, alors qu'on croyait les avoir entendues en live pour la dernière fois en 2008, à Montréal, c'est intense.

24/12/2011

Cendrillon - Rudolf Noureev @ Opéra Bastille

Il était une fois, Cendrillon au pays d'Hollywood. Parce que c'est ainsi que Rudolf Noureev conte l'histoire de Perrault. Sur pointes, évidemment.

Noureev transpose donc son Cendrillon dans le Hollywood des années 1930-1940 ; une version criant son amour pour le septième art. La fée/marraine devient producteur de cinéma (Karl Paquette), Cendrillon déroule un poster du Kid de Chaplin, avant de se lancer dans le célèbre numéro de claquettes de celui-ci, et les décors hollywoodiens sont manifestement inspirés du Metropolis de Fritz Lang. Et au lieu de dire que ce ballet datant de 1986 a mal vieilli, on dira que la touche kitsch qu'il propose impose un retour en enfance pour pouvoir s'en amuser et, le temps de trois actes, oublier que les contes de fée n'existent pas (ce qui est sans doute possible quand une petite fille de quatre ans ne gâche pas le plaisir de dizaines de personnes, avec l'accord de son grand-père peut-être atteint de surdité).
Le jeudi 1er décembre 2011 à l'Opéra Bastille, dans le rôle de l’acteur-vedette, Florian Magnenet a remplacé Nicolas Leriche, ce dernier s'étant blessé durant sa première variation au début du deuxième acte. Florian Magnenet a rejoint sur scène Dorothée Gilbert, légère et douce, qui dansait le rôle de Cendrillon avec une technique irréprochable. Mais si la performance de celle-ci a flirté avec l'excellence, c'est la perfection dans l'imperfection qui a suscité le plus de réactions : Alice Renavand (la sœur en bleu) et Nolwenn Daniel (la sœur en rose), diaboliquement hilarantes, ont donné l'illusion de ne pas savoir danser, notamment durant une amusante leçon de danse à la barre donnée par Alessio Carbone.
Et quand les yeux se portent à 75 % sur les pieds et les jambes de ces danseurs (un régal), les oreilles se délectent à 99 % (le pourcentage restant représentant le bruit des pointes sur la scène) d'une jolie partition de Sergueï Prokofiev humblement interprétée par l'Orchestre de l'Opéra national de Paris dirigé par Fayçal Karoui. C'est de là que sont nés les variations, les pas de deux et les adagios... La musique donne ainsi le ton, sans jamais s'exhiber, parce qu'elle développe quelque chose d'onirique et d'évident quand on connaît l'histoire de Cendrillon.
 
Un ballet drôle et romantique.

23/12/2011

M83 @ Gaîté lyrique

Alors c'est ça l'ivresse musicale. Cet état second que l'on atteint en plein live et qui transporte ailleurs. La transe avait déjà frappé à ma porte, elle l'a fait d'une manière différente cette fois ; plus subtile, plus saine. La musique par laquelle elle est venue, c'est celle d'Anthony Gonzalez, un musicien français plus connu sous le nom de M83. Ça s'est passé le 30 novembre 2011 à la Gaîté lyrique.


En guise d'amuse-bouches, Hannah a joué pendant quarante minutes avec le sourire. Hannah, c'est Emmanuel au chant et à la guitare (acoustique et électrique), Laurent à la batterie et aux chœurs. Leur folk nerveuse est minimaliste mais sophistiquée. Et entre les ballades charmantes et les compositions plus énergiques, ils ont interprété une étonnante reprise de Kiss. Néanmoins, aussi complices soient-ils, ces Niçois ont encore du chemin à faire pour trouver leur identité.

Après des années à écouter la magistrale électro rêveuse de M83 dans mon iPod (et puisque j'avais déjà vu la légende Paul McCartney à Bercy en 2009), je me suis décidée à découvrir l'artiste sur scène. L'angoisse. Savoir qu'une fois l'heure et demie de concert passée, je serai en manque. Et ça s'est déroulé exactement comme je l'avais prévu : de l'intensité, un peu de génie, beaucoup de modestie, des souvenirs merveilleux et l'envie d'aller à La Cigale le 15 mars 2012.
Malgré les problèmes techniques, Anthony Gonzalez et ses musiciens étaient heureux d'être à Paris et ont partagé leur bonheur avec un public conquis. La chanteuse américaine Morgan Kibby a charmé la salle de sa voix époustouflante, le jeune bassiste a impressionné de son aisance, et le batteur, discret, a honoré les compositions incroyablement pures et profondes d'Anthony.
Du parfait dernier double album, Hurry up, We're Dreaming, ils ont joué Intro, les entraînantes Reunion et Claudia Lewis, les survoltées Year One, One UFO et This Bright Flash, l'indescriptible Steve McQueen et la vaporeuse Wait. De son précédent album, Saturday = Youth (2008), on a eu droit à la jolie Kim & Jessie et à une version ambitieuse et transcendante de We Own the Sky. Enfin, de Before The Dawn Heals Us (2005), ce sont l'enchanteresse Teen Angst et la post-rock A Guitar and a Heart qui ont fini de ravir les mélomanes.
Quant au rappel... Difficile de faire plus stupéfiant. Skin of the Night et Couleurs de Saturday = Youth ont provoqué ce sentiment d'invulnérabilité et de bien-être qu'ont aurait voulu éternel. Pourquoi le concert ne s'est-il pas prolongé sur la nuit entière ? Après avoir sérieusement abîmé une enceinte et la grosse caisse avec sa guitare, Anthony est parti rejoindre la réalité.
Au milieu de tout ça, il y a eu Midnight City. Une composition aussi douloureuse qu'apaisante, qui parle au corps et à l'esprit, qui fait tantôt sourire tantôt pleurer, mais qui va à chaque fois chercher les émotions les plus enfouies. J'ai cette impression étrange qu'on aurait arraché un morceau caché de moi pour créer cette merveille de sensations, et que je ne pourrai jamais m'en lasser car c'est un peu de mon existence qui se joue entre les notes de musique.


Anthony Gonzalez aime écrire des musiques de film ; il a écrit la bande originale de ma vie.

22/12/2011

Les Adoptés - Mélanie Laurent


Même les plus fervents détracteurs de Mélanie Laurent ne pourront le nier : elle est une jeune réalisatrice très prometteuse. Son premier film, Les Adoptés, est une jolie réussite. Ses choix cinématographiques sont ceux d'une femme mature, inspirée et appliquée, qui sait à quel moment écouter la petite fille en elle.

Généreuse, Mélanie Laurent offre beaucoup d'émotions, de manière très saine. Le montage est audacieux, l'ambiance lumineuse et grave, les cadrages décalés, l'histoire intime, les acteurs très bons, la partition de Jonathan Morali (Syd Matters) idéale, et l'issue agréablement surprenante de la part de la comédienne/chanteuse, maintenant réalisatrice à la main élégante.
Comme Mélanie Laurent ne fait rien comme tout le monde, son premier film n'a pas l'air d'en être un et souffre de défauts que l'on pourrait reprocher à un(e) cinéaste averti(e) qui a déjà son propre style. Mais c'est peut-être seulement parce que Mélanie sait ce qu'elle veut, prend le temps de travailler sur chaque détail de son projet, et qu'elle sait s'entourer.
Et puis, elle prend des risques, notamment celui de se mettre en scène. Réussir à sublimer Marie Denarnaud, à montrer la sensibilité de Denis Mélochet, à donner à Clémentine Célarié l'opportunité d'exprimer son talent, et à trouver la bouille de Théodore Maquet-Foucher dans la masse des enfants-acteurs, c'est déjà bien ; faire parfaitement son travail d'actrice alors que l'on joue dans son propre film (un premier long métrage, qui plus est), c'est admirable.

Avec Les Adoptés, Mélanie Laurent confirme qu'elle appartient au monde du cinéma, et pas à celui de la musique.


Mélanie Laurent :

Denis Mélochet :
La Rafle

Audrey Lamy :

21/12/2011

50/50 - Jonathan Levine

On ne gardera pas beaucoup de souvenirs de 50/50 de Jonathan Levine. Ce qui devait être un film optimiste et décalé sur le cancer et la façon de vivre son évolution se révèle prévisible et plutôt mou. Le réalisateur s'est inspiré de sa propre histoire, mais n'a étrangement pas réussi à donner à son long métrage la vie qu'il méritait.

Tout au long du film, on sent que l'on passe à côté de quelque chose qui aurait pu être bien. Il y a quelques belles scènes, dont celle du coup de téléphone passé dans la voiture, mais 50/50 est assez creux, à cause notamment d'un scénario linéaire, d'une mise en scène assez pauvre et de clichés tenaces (la mère hystérique, la petite amie infidèle et l'ami lourdaud).
Devant 50/50, on sourit, mais on ne rit pas ; on assiste à une situation grave, mais on ne ressent pas grand-chose. Ce n'est pas la première fois cette année qu'un réalisateur passe à côté de la force de son film en diluant ce qui pourrait émouvoir. On avait en effet déjà eu droit à Restless de Gus Van Sant. À croire que ressentir la souffrance est fondamentalement mauvais et que ce n'est pas ça la vie. Foutaise !
Bilan en demi-teinte, donc. L'absence de conviction dans 50/50 est telle qu'à la place du "poignant, hilarant et sincère" de l'affiche, on aurait davantage vu "faible, facile et poli", mais ce n'était pas vendeur...

Une comédie indé qui ne doit son nom qu'à la présence de Joseph Gordon-Levitt.


Joseph Gordon-Levitt :

Anna Kendrick :

Bryce Dallas Howard :
La Couleur des sentiments
Restless (productrice)

20/12/2011

Battles @ La Machine du Moulin Rouge

Longtemps, je n'ai plus mis les pieds dans une salle de concert, hormis Pleyel. À La Machine du Moulin Rouge le 15 novembre 2011, le trio new-yorkais Battles était programmé. Mais ce à quoi on ne pense plus quand on fréquente des endroits pour les vieux qui veulent être au lit à 22 h 30, c'est que, dans les lieux branchés, le concert commence à cette heure-là ; deux heures après l'ouverture des portes.

Battles, composé du guitariste et claviériste Ian Williams, du bassiste Dave Konopka et de l’incroyable batteur John Stanier, a un avantage de taille, qui fait oublier l'heure relativement tardive : son inventivité. Les morceaux recherchés et peu accessibles rassemblent un public de connaisseurs, avide de sensations musicales complexes. Par conséquent, aucun élément perturbateur (groupies ou hipsters) n'est venu gâcher la performance du groupe. Bien sûr, il y a ceux qui ont connu Battles avec le nouvel album, Gloss Drop, et/ou par l'excellent clip de My Machines. Ceux-là ont dû être ravis par la setlist. Mais il y a aussi ceux qui ont connu le groupe quand Tyondai Braxton était encore là. Force est de constater que le musicien apportait quelque chose de plus au travail de composition. Ce n'est pas un hasard si le moment le plus intense de la soirée a été l'interprétation de Atlas, issu du premier véritable album de Battles, Mirrored.
En live, Battles, c'est encore plus bordélique que la version studio. Et si on ne connaît pas le groupe, on peut aisément décrocher, ou même ne jamais entrer dans ce délire expérimental. D'autant qu'au début, le son était trop fort, et les basses trop présentes masquaient les subtilités des phrases musicales. Le bûcheron cogneur aux baguettes souvent tenues à l'envers qui s'excite derrière les fûts, le charleston et la haute cymbale, c'est John Stanier, un grand malade qui allie technique et groove, qui fait s'exprimer son instrument comme personne et qui sublime la puissance des morceaux du groupe. Heureusement qu'il est là, car c'est lui qui donne un sens à l'ensemble. Les deux autres musiciens sont talentueux, mais c'est Stanier qui attire tous les regards et fait bouger les corps.
Les membres de Battles ont trouvé un autre moyen de faire parler les notes de musique avec leur math rock ; l'ensemble peut sembler cacophonique, mais il se cache derrière cet apparent désordre une véritable logique. Quant à leur attitude sur scène, c'est l'inverse : elle est très simple. Même s'ils ne sont pas à l'aise dans l'échange verbal, ils mettent du cœur à l'ouvrage et sont heureux d'être à Paris. Après une heure de concert et une révérence de Konopka, le groupe ne s'est pas fait désirer pour le rappel uniquement constitué de Sundome, en version épique de vingt minutes ! En conclusion, mis à part l'inutilité des vidéos (souvent mal synchronisées) qui passaient pendant certaines chansons, le son un peu fort et quelques moments d'impatience à attendre l'intervention de John, on a passé une bonne soirée en compagnie de Battles.

Une performance cependant pas inoubliable.

19/12/2011

Intouchables - Éric Toledano & Olivier Nakache

Peut-on toucher à Intouchables, la dernière réalisation d'Éric Toledano et Olivier Nakache ? Peut-on faire état de ses défauts sans se faire lyncher sur la place publique ? On l'espère, parce qu'on peut aimer Intouchables et constater que ce n'est presque pas un film, mais une suite de sketches hilarants interprétés par un duo d'acteurs irremplaçable.

Le détail qui fâche : "Ceci est tiré d'une histoire vraie." Un film est-il moins touchant s'il n'est pas inspiré d'un fait réel ? Cette mention supposée rendre Intouchables plus émouvant qu'il ne l'est résonne comme une début de lavage de cerveau. On met le spectateur en condition alors que le film devrait le faire de lui-même.
Il l'aurait très bien fait d'ailleurs. La scène d'ouverture, cette course poursuite tendue puis drôle, était un choix judicieux d'entrée en matière. L'une des meilleures idées de ce qui est devenu un phénomène de société.
Enfin, si l'on se réjouit d'entendre du classique et des répliques déjà cultes, il ne faut pas oublier pourquoi Intouchables est empreint de tant d'impertinence et de justesse : Omar Sy et François Cluzet sont complémentaires. Et c'est pour ça que l'ensemble fonctionne, que ça comble les manques. Ils sont les bras qui donnent le chocolat aux millions de spectateurs.

"Pas d'bras, pas d'chocolat !"


François Cluzet :
Les Petits Mouchoirs

Anne Le Ny :
Les Invités de mon père

Audrey Fleurot :
Minuit à Paris
Les Femmes du sixième étage

18/12/2011

Les Marches du pouvoir - George Clooney

Pour son quatrième film, George Clooney se penche sur les coulisses de primaires américaines et dénonce les manigances du système politique. Manipulation, compromission, trahison, sexe... tout y est, mais rien ne déborde. Les Marches du pouvoir se révèle presque lisse, simple constat sur le pouvoir et la nature humaine qui ne surprend plus que les grands naïfs.

Ce long métrage est à l'image de son réalisateur, élégant ; et ça ne suffit pas. On passe un bon moment dans le noir (en compagnie de Ryan Gosling, surtout), mais rien ne reste. De l'histoire à la morale en passant par l'interprétation et la réalisation, tout est convenu.
Trop carré, le film ne fascine pas. Il est court et efficace, sans rien proposer d'original. Les seconds rôles font leur travail, mais pas plus ; Clooney s'est donné le rôle le plus intéressant et l'incarne très bien, mais ne lui a laissé que peu de place. Il a cependant eu la bonne idée de confier la musique à Alexandre Desplat.
Néanmoins, sans surprise, c'est Ryan Gosling qui attire l'attention. Au-delà de sa performance d'acteur, c'est un régal de le voir s'imposer à l'écran à quatre-vingt-quinze pour cent du temps. Et ce plaisir-là, on ne s'en lasse pas.

Dans l'ensemble, Les Marches du pouvoir manque de saveur.


Ryan Gosling :

17/12/2011

Inni - Sigur Rós @ La Géode

Un chef-d'œuvre pour fêter la deuxième année de Curse of the Ninth Symphony.

Le 28 novembre 2009, lors de la soirée "Le cinéma de Sigur Rós" à Paris, une première version de Svefn-g-englar provenant de ce qui serait Inni a été diffusée. Il a fallu attendre le 12 novembre 2011 pour assister, à La Géode, à la projection intégrale de ce film musical sublime comprenant des versions magnifiques de Ný batterí, Svefn-g-englar, Fljótavík, Inní mér syngur vitleysingur, Sæglópur, Festival, E-bow, Popplagið et Lúppulagið, entrecoupées d'images d'archive faisant prendre conscience de l'évolution de Sigur Rós.

Inni regroupe les deux concerts de Sigur Rós à l'Alexandra Palace de Londres en 2008. Pour rendre visible l'intensité de la musique du groupe, Vincent Morisset, le réalisateur, a filmé sur pellicule 16 mm les enregistrements vidéo numériques originaux, et les a filmés à nouveau à travers des prismes ou autres objets trouvés. Ainsi, contrairement à Heima ("maison" en islandais), le premier film sur Sigur Rós qui dévoilait leur incroyable tournée en Islande, chez eux donc, Inni ("à l'intérieur" en islandais) montre l'intimité violente d'un live puissant. Le spectateur peut ainsi profiter des subtilités qui font de la musique de Sigur Rós l'expérience sensorielle ultime.
La musique de Sigur Ros fait frissonner la moindre parcelle de peau ; elle fait le lien entre le cœur et le corps ; elle rythme la respiration ; elle fait vivre. S'il on faisait un classement des meilleurs groupes de l'histoire de la musique, Sigur Rós devrait non pas être premier mais hors catégorie, parce que ses quatre membres font plus que de la musique. Ils parlent aux petites filles et aux petits garçons cachés à l'intérieur de chacun, ceux que l'on croit mort mais qui sont seulement meurtris ; ils les font se manifester pour les apaiser, dans les larmes souvent.
Sigur Rós, sans le savoir, offre à l'humanité un aperçu de la perfection. Et c'est saisissant parce que ça détruit quelque chose en même temps que ça en fait naître une autre au plus profond de l'âme. Pour les plus sensibles, attention aux ravages que peut faire l'enchaînement Fljótavík/Inní mér syngur vitleysingur/Sæglópur/Festival dans Inni. Et pour ceux qui pensent que l'énergie, la sincérité, la pureté, la grâce et la magie s'estompent, on est allé, pour leur prouver que non, à la deuxième projection du film à La Géode le 24 novembre et à celle que proposait le centre culturel Commune Image le 20 novembre, lors de la Journée Air d'Islande.

Divin.


Jónsi @ Bataclan