24/11/2010

Les Petits Mouchoirs - Guillaume Canet

Les petits mouchoirs, ces voiles que l'on pose sur certains défauts ou sur des vérités difficiles à entendre pour ne pas faire de mal à autrui ou à soi-même, ces mensonges blancs, Guillaume Canet les filme avec authenticité et justesse. Après Mon Idole et la confirmation de son statut de très bon réalisateur avec Ne le dis à personne (l'adaptation du livre de Harlan Coben), son troisième long métrage prouve qu'en changeant de style, il ne perd pas de son talent.

Les Petits Mouchoirs, c'est un film sur les ambiguïtés et les compromis d'une bande de copains ; sur l'amitié, tout simplement. C'est un film empreint de mélancolie, un tourbillon d'émotions dont on sort lessivé. C'est un film générationnel, ponctué de phrases cultes. On pleure beaucoup, de rire, parfois jusqu'à se faire mal aux muscles abdominaux (la scène de Marion Cotillard dans l'eau est mémorable), et de tristesse, jusqu'aux sanglots.
Les deux heures et demi, qui pourraient en rebuter plus d'un, passent aisément grâce à la sensibilité cinématographique de Canet et à son regard acéré et profond sur les personnages. Il ne leur trouve jamais d'excuses, et n'en épargne pas un seul. Cela permet aux acteurs de s'exprimer, de prendre vie sans se faire d'ombre. Évidemment, même si le casting presque parfait montre un groupe soudé, certains se démarquent. Benoît Magimel (Vincent) n'a pas été aussi bon depuis longtemps, Marion Cotillard (Marie), récemment vue dans Inception, est définitivement l'une des meilleures actrices de sa génération, François Cluzet (Max) est magistral, comme d'habitude, et le couple qu'il forme (comme à la ville) avec Valérie Bonnetton (Véronique) est d'une justesse rarement filmée. Enfin, Joël Dupuch (Jean-Louis) hérite judicieusement du plus beau rôle.
Un seul regret : le matraquage promotionnel qui ouvre grand la porte aux critiques voulant cracher leur venin sur le réalisateur comme sur son film. L'un des arguments qui reviennent souvent, c'est l'absence d'un scénario pointu. Mais pourquoi toujours encenser les films à scénarios complexes et déprécier les autres ? Il faut savoir apprécier les films simples et très bien réalisés, qui ne sont pas forcément des leçons de cinéma. Les Petits Mouchoirs, c'est le récit d'un moment de vie, sur une bande originale réunissant quelques pépites (Jet, Bowie, Band of Horses...). Une réussite.

Guillaume Canet, le Ben Affleck français.

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De la critique positive et négative, oui ! Mais toujours construite et justifiée, merci !

L.