25/01/2011

Même la pluie - Icíar Bollaín

 

Icíar Bollaín, actrice, réalisatrice et scénariste espagnole, réalise un long-métrage maîtrisé aux sujets croisés. Même la pluie aurait pu se perdre dans l'analogie ; ce n'est pas le cas. La mise en scène équilibrée dénonce avec sensibilité la situation de l'Amérique Latine du XVIe siècle et celle du XXIe siècle.

C'est donc entre le tournage du film de Sebastian sur la colonisation de l'Amérique Latine par les Espagnols et la "guerre de l'eau" (qui a fait rage en Bolivie en 1999) menée par l'un des figurants boliviens, que la réalisatrice et son scénariste (Paul Laverty, complice de Ken Loach) emmènent le spectateur. Le parallèle entre les deux époques est évident, et s'il dénonce le contexte socio-politique de la Bolivie (et par extension, celui de l'Amérique latine), c'est l'aventure humaine qui, finement, se révèle essentielle.
En effet, les personnages principaux, celui du réalisateur (Gael García Bernal ; Amours Chiennes, La Mauvaise Éducation, Carnets de voyage) et celui du producteur (Luis Tosar, The Limits of Control) se dressent chacun à leur manière contre les injustices. L'un s'enfonce dans son obsession de dénoncer à travers l'art, l'autre se détache de ses obligations financières pour sauver un figurant du film, acteur principal de la révolution en marche : Daniel (Carlos Aduviri), et sa fille, également figurante.
Quant aux comédiens, ils sont impeccables. Même les seconds rôles, comme celui de Carlos Santos, qui campe un acteur charismatique et courageux mais terriblement seul et alcoolique, sont justes. Cela donne de la profondeur aux propos sur la colonisation et la mondialisation. Et sans s'emmêler dans ces sujets, la réalisatrice propose également une réflexion sur le processus de création (le film à l'intérieur du film) et sur la nécessité de montrer la vérité au monde (la cadreuse désirant capturer des images pour un documentaire) ; parce que, si raconter l'Histoire est important, la vivre, en être conscient et ne pas la laisser se répéter est primordial.

Un beau moment de cinéma, plein de poésie. Une leçon d'humanité.

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L.