29/09/2010

Fever Ray @ Olympia


Après un Rock en Seine 2010 qui préparait la rentrée musicale, l'heure du premier show de la saison est arrivée. Le 9 septembre, Fever Ray devait jouer à La Cigale ; c'est finalement dans la mythique salle de l'Olympia que le groupe suédois a donné sa messe noire électro-pop et inspirée ; la première à Paris.


Le groupe qui ouvre la soirée était également attendu par quelques-uns : Zola Jesus. Deux claviéristes, à gauche et à droite de la scène, et une petite blonde à la voix au potentiel incroyable. Mais ça fait mal aux oreilles. Outre le fait que c'est la première fois que le son laisse à désirer à l'Olympia (enceinte qui crache, sur la scène, et beaucoup trop d'aigus), la chanteuse crie beaucoup, plutôt bien certes, mais elle crie quand même. Musicalement, c'est du "boum boum" et des claviers mimant des violons racoleurs. Le groupe essaie parfois de recréer l'ambiance de Fever Ray, mais c'est sans âme et répétitif, à l'image du jeu de scène. Est-ce que la chanteuse cherche quelque chose par terre ? Du talent peut-être ? À force de faire les cent pas la tête baissée, elle en devient fatigante, pour les yeux, et même pour les jambes, bien que tout le monde soit statique. Après un petit replacement de cheveux pour les photographes, elle descend de scène et fait des allers-retours rapides devant la fosse. Ce n'est vraiment pas convaincant : ça sent le fake. Mimer la sincérité est sûrement devenu plus facile...

L'attente est vraiment longue. Aller s'asseoir au balcon était tentant, mais quand on connaît un peu l'univers de Fever Ray, et qu'on est bien renseigné, on sait qu'il faut rester au plus près de la scène. Depuis quelques minutes, l'encens envahit la salle en même temps que la fumée d'ambiance. Les lumières s'éteignent mais, en coulisse, ils mettront quelques minutes à penser à fermer la porte sur la gauche de la scène, empêchant une totale immersion dans le monde captivant qui prend forme sous les yeux des spectateurs.
Avec ses musiciens masqués, Karin Dreijer Andersson entre sur scène tel un fantôme, avançant comme si elle ne touchait pas le sol, portée par la magie des notes de If I Had a Heart, avant qu'elle ne pose sa voix dessus. La setlist sera la même qu'en 2009 lors de leur concert au festival Pop Montréal (à une exception près). Après la même introduction que sur l'album, viennent donc Triangle Walks, Concrete Walls, Seven et I'm not Done. Les abat-jour qui s'allument par intermittence, les lasers qui fendent la brume et qui se reflètent par un jeu de miroirs millimétré créent une ambiance mystique teintée d'une rigueur légèrement terrifiante, qui se traduit également dans la performance purement musicale. Cachée sous un costume improbable, la moitié féminine de The Knife se veut chaman, entre la musique et le public. Mais la perfection de son interprétation et une certaine froideur mettent de la distance entre le groupe et ses fidèles. La communication passe uniquement par la musique, et ça continue avec la reprise de Mercy Street de Peter Gabriel ; agréable surprise que Fever Ray joue avec le plus grand respect. Un petit bonheur quand on n'a jamais eu la chance de l'entendre en live par son créateur.
La foule, hypnotisée, acclame les Suédois durant tout le concert, mais sans trop de folie. L'enchaînement Now's the Only Time I Know/Keep the Streets Empty for Me/Dry and Dusty est le point culminant, la montée transcendantale du show. Et une musique qui touche aussi profondément le corps et l'esprit capture l'énergie de ses auditeurs qui peinent à réagir après cette expérience. Pendant la reprise de Stranger than Kindness de Nick Cave, on hésite entre partir définitivement dans un trip d'introversion ou subir l'incantation du groupe motivée par l'un des musiciens muni d'un bâton de sorcier ancestral. On a à peine le temps de choisir que l'envoûtante When I Grow Up provoque un désir puissant de danser. Enfin, la reprise de Here Before de Vashti Bunyan propose une jolie mélodie de guitare, mais rien de plus. On sort alors un peu la tête de la brume, avant de replonger pour Coconut et ses vibrations finales œuvrant sur le corps comme pour le marquer d'un souvenir indélébile.


Avec Fever Ray, le mot création prend tout son sens.

1 commentaire:

  1. Dommage pour la porte. En tout cas ils auraient dû choisir une première partie qui prend moins de place vu l'ampleur du set! L'attente devait être très chiante.
    Excellent live report. Tu devais être aux anges pendant le reprise de Peter Gabriel!
    J'aime ton mot de la fin ;)

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De la critique positive et négative, oui ! Mais toujours construite et justifiée, merci !

L.