12/01/2010

Agora - Alejandro Aménabar


Après le très intime Mar Adentro, Aménabar signe un péplum métaphysique réussi mais inégal. Certaines séquences sont de très beaux moments de Cinéma, d’autres affaiblissent cette reconstitution d’un moment historique : la révolte des Chrétiens dans l’Empire romain au IVème siècle après Jésus-Christ.

Malgré un rythme déséquilibré, le film propose une réflexion omniprésente sur l’irrationnel, l’intolérance et le danger de laisser une quelconque prédominance à la religion.  On fait rapidement le rapprochement avec la société d’aujourd’hui et les problèmes liés au fanatisme religieux. Le constat est évident : le monde n’a pas changé, l’humanité se détruit elle-même.
Une femme se dresse pourtant au milieu de ces guerres ayant pour unique but le pouvoir. Incarnation de la pensée, la philosophe et astronome Hypathie est la figure vers qui tout converge. D’ailleurs, la brillante Rachel Weisz porte le film de bout en bout. Dévouée à la connaissance cosmique et mariée à ses convictions philosophiques, elle sera punie pour avoir osé remettre en question des lois divines établies à propos de l'univers et refusé de s'effacer derrière le Christianisme.
Revivre la destruction révoltante de la grande bibliothèque d’Alexandrie n’est pas une partie de plaisir quand on attache une importance considérable aux manuscrits originaux, au patrimoine culturel et au savoir en général. Mais l’utilisation de certains effets numériques gâche le réalisme et la profondeur du sujet.

Quant à la scène finale : brève, intense et poétique.

3 commentaires:

  1. J'ai vraiment beaucoup aimé ce film! Comme je t'ai dit j'ai trouvé que c'était un ptit bijou, parce que trop rare. Il est assez équilibré je trouve et ne tombe jamais dans le pathos ridicule. Le destin de cette femme mariée à sa philosophie, sa religion à elle finalement, est vraiment superbement mis en valeur. D'ailleurs j'ai beaucoup aimé la scène de fin qui nous évite les facilités scénaristiques hollywoodiennes!

    RépondreSupprimer
  2. Il est important de noter que pour une fois un vrai travail est fait au niveau des décors et de la "véracité historique". J'entends par là que l'Antiquité n'est pas traduite par une architecture en ruines et incolore (comme elle est ds l'imaginaire collectif, puisque c'est l'aspect qu'offrent les vestiges archéologiques). On a la restitution des peintures sur les monuments entiers ou en construction, les accessoires et les costumes sont fidèles à ce qu'ils étaient à l'époque. De ce point de vue là, le film a d'ailleurs été comparé à la très bonne série Rome. A titre d'exemple, le film Troie (Troy) de W. Petersen, dont l'histoire est erronée puisque pas fidèle à la mythologie, nous montre un temple égyptien en Grèce antique, des cartes géographiques qui n'existaient pas à l'époque, des ruines incolores lorsque la cité connaissait son âge d'or à tous les niveaux, des femmes bien vivantes coiffées avec des couronnes mortuaires etc.

    S.

    RépondreSupprimer

De la critique positive et négative, oui ! Mais toujours construite et justifiée, merci !

L.