22/11/2010

Rodrigo y Gabriela @ Zénith de Paris

Cela fait plusieurs mois que la date de Rodrigo y Gabriela au Zénith de Paris est annoncée et attendue : le 19 novembre 2010. Mais c'est seulement cinq jours avant le concert que j'ai été invitée à y assister par une amie que je remercie encore. Parce qu'après les quelques minutes d'attente pour s'installer au premier rang des gradins, et l'impression d'avoir entendue la première partie pendant des heures, il ne faut qu'une ou deux petites secondes pour entrer dans l'univers de Rodrigo Sánchez et Gabriela Quintero. 


Wallis Bird est une jeune irlandaise qui a la particularité de jouer, en tant que gauchère, sur une guitare de droitier dont les cordes n'ont pas été inversées. Passé ce détail finalement inintéressant, on peut s'attarder sur sa prestation. C'est très simple, cette fille est une catastrophe ambulante. Malgré sa voix parfois atypique sur quelques notes poussées et rugueuses, Wallis Bird est aussi mauvaise que la réaction enthousiaste du public est incompréhensible. Comment une personne aussi dénuée de sensibilité artistique peut se retrouver en première partie de virtuoses comme Rodrigo y Gabriela ? Pourquoi maltraite-t-elle ses guitares ? Oui, "ses", parce qu'elle a quand même réussi en une demi-heure à casser les cordes de deux guitares, avant d'en demander une troisième qu'elle désaccorde tant son jeu est brutal et maladroit, pour finalement ne pas terminer sa dernière chanson. Une performance brouillon pour une gamine amatrice qui a l'insolence de présenter ses compositions comme étant "amazing". Humour ? Moi, une fille aussi irrespectueuse envers la musique, ça ne me fait pas rire. Elle lit sur un papier qu'elle parle français comme une vache espagnole, elle joue surtout comme un pied. Affligeante.

L'amertume s'envole lorsque le duo mexicain entre sur scène pour interpréter la délicate 11:11, leur chanson hommage à Pink Floyd, après avoir eu la classe d'attendre la fin d'un morceau de metal qui passait en musique d'attente. Ils enchaînent avec Hanuman, l'hommage à Carlos Santana, qui terminent de convaincre les plus sceptiques, s'il y en avait. Après ça, ce n'est que du plus, de la gourmandise, du bonheur à l'état pur. Il n'y a pas une seconde, une note de trop. Aujourd'hui, on parle souvent de talent pour n'importe quel groupe, à tort. Pour Rodrigo y Gabriela, on ne peut pas se tromper. Et en plus d'avoir du talent, ils ont la technique. Ils ont même la sérénité et la générosité. Que demander de plus ?
Peut-être que tout le public se taise. Car même si la majorité exprime sa joie de manière convenable (et sait taper en rythme dans ses mains), il en reste toujours certains qui font preuve d'impolitesse et gâchent le concert des autres. Pourquoi les gens parlent-ils pendant les chansons ? Pourquoi ? Et pourquoi un homme derrière moi appelle un copain pour lui rappeler son absence en riant ? Et pourquoi un autre ne cessait-il pas d'avancer vers la scène avec son sac à dos porté au-dessus de la fosse, gênant ainsi la visibilité d'un bon nombre de personnes derrière lui ? Et pourquoi y en a-t-il toujours un, très éméché, pour se croire à la Techno Parade ou à un match de tennis en sifflant des hymnes fédérateurs ou en criant des encouragements inutiles ? Autant de questions qui restent sans réponses.
Du côté des musiciens, si leurs compositions sont instrumentales, cela ne les empêche pas de prendre la parole en anglais, en français et en espagnol (quel plaisir !), quand ils en terminent une. En revanche, si la communication avec le public se transforme en véritable cohésion, le visuel n'apporte pas grand-chose, hormis les images des mains de Rod y Gab sur leurs guitares ou les jeux d'ombre sur la toile blanche installée derrière eux. Mais encore une fois, tant qu'il y a la musique... Dans ce flamenco rock ressortent clairement leurs influences venues du metal (ils ont joué dans un groupe de heavy metal appelé Tierra Acida, anciennement Castflow). D'ailleurs, alors qu'ils avaient livré un concentré de leur don au Printemps de Bourges 2010, ils ont le temps au Zénith d'annoncer la présence d'un invité surprise, un guitariste métalleux : Alex Skolnick, connu pour avoir joué dans le groupe de thrash metal Testament. Ils s'amusent lors d'un petit jeu à trois, se parlant par riffs interposés, puis font une démonstration de leurs capacités, sans prétention aucune.
Enfin, force est de constater que l'harmonie de Rodrigo y Gabriela en duo vient de deux talents incroyables et uniques, qui s'expriment pendant deux moments où chacun offre un solo, seul sur scène. Mais la plus belle magie vient du mariage de la guitare rythmique de Gabriela (a-t-elle une main bionique ?) à la guitare solo de Rodrigo.


Et parce qu'il faut faire le silence en soi pour recevoir une telle musique : comme Rod y Gab, on reste sans voix.

1 commentaire:

  1. bonjour,
    Je vous trouve dure avec Wallis Bird, en effet née gauchère, elle perd les 5 doigts de sa main gauche lors d'un accident de tondeuse (4 purent être recousus), elle a pris l'habitude de jouer avec une guitare pour droitier à l'envers, ce qui contribue à son style de jeu peu conventionnel.

    RépondreSupprimer

De la critique positive et négative, oui ! Mais toujours construite et justifiée, merci !

L.