02/02/2011

Harry Brown - Daniel Barber


Pour son premier film, Daniel Barber n'a pas fait les choses à moitié. Il signe avec Harry Brown un polar intense et ambitieux, sur la violence du quotidien dans un quartier difficile de Londres, sans prendre parti ni désigner de coupables. Voilà un réalisateur qui maîtrise les silences et les plans lourds de sens, et qui dénonce sans attaquer.

Comme annoncé dans le générique, Michael Caine est Harry Brown. Et Michael Caine est brillant. Récemment vu dans Inception, l'acteur de 77 ans est entouré d'un jeune casting solide : entre autres, l'excellente Emily Mortimer (Match Point, Paris, je t'aime, Shutter Island), Jake O'Connell (II) et Klariza Clayton, deux acteurs de la série Skins, et Ben Drew, le chanteur du groupe Plan B, qui devrait poursuivre sa carrière de comédien et abandonner la musique. Du côté moins jeune, on peut noter la participation réussie de David Bradley (Argus Rusard dans Harry Potter).
Sur le plan technique, le film possède deux points forts : la photographie (de Martin Ruhe, directeur de la photographie sur Control de Anton Corbijn), impressionnante de réalisme en même temps que de beauté malgré des décors sordides, et la musique (de Ruth Barrett et Martin Phipps), soulignée par des cuivres prenants, renforçant l'atmosphère plutôt glauque et participant au malaise du spectateur. Car Harry Brown est un film noir qui appuie là où ça fait mal.
Entre le film d'auteur et le film d'action, le long métrage de Daniel Barber est un tableau réaliste bouleversant, traitant les thèmes de la peur, de la justice et de la vengeance, lesquels sont de plus en plus représentatifs des sociétés d'aujourd'hui. Et si pendant la scène finale, on ne sait plus qui on soutient, c'est parce que, comme le dit si bien Caine, plus personne ne se bat pour une cause, tout le monde lutte pour le plaisir.

Un premier long métrage de qualité, qui trouve son moment le plus tendu et le plus puissant dans la séquence de l'entrepôt des junkies.

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L.