04/06/2010

Enter the Void - Gaspar Noé

Doit-on juger de la qualité d'un film de Gaspar Noé au nombre de personnes qui quittent la salle de cinéma ? Dès le générique (musique rythmée et répétitive, images stroboscopiques), le spectateur averti sait que c'est du Noé. Le réalisateur a une signature audiovisuelle. Il ne connaît pas la demi-mesure ni les concessions. Il filme l'humain, ses travers et ses vices. En bref, il filme la réalité. Sur une trentaine de personnes dans la salle, un tiers est sorti pendant le film.

Oscar est un dealer. Il a promis à sa sœur stripteaseuse, Linda, qu'ils ne se sépareront jamais. Quand il se prend une balle dans le torse et meurt dans les toilettes d'un bar miteux, son esprit revient hanter Tokyo. Mais avant cela, alors que la scène d'exposition n'est pas encore terminée, certains spectateurs ne supportent pas le trip violent dans lequel Oscar est plongé après avoir inhalé du DMT. Ils n'iront pas au bout de l'expérience.
Cette réaction est peut-être due au fait que la caméra est derrière les yeux du personnage. Et tout ce qu'il voit et vit est choquant et provoquant. Une réincarnation pour le personnage principal ; un Tokyo sous acide pour le spectateur. Mais ce n'est pas nouveau : les films de Noé sont intenses. Il faut que l'esprit soit ouvert pour pouvoir comprendre. Cependant, si la réalisation est réfléchie, elle l'est parfois trop et on y voit une démonstration technique redondante.
Le film n'est pas divertissant, c'est un constat. Mais, en plus, Gaspar Noé repousse les limites cinématographiques en demandant un effort au spectateur. Effort d'autant plus difficile qu'il doit être réalisé en acceptant l'atmosphère pesante du film, appuyée par l'ambiance sonore créée par Thomas Bangalter (Daft Punk). Noé filme la vie en filmant la mort. Il filme le sang, le sexe, le trash, l'amitié, l'amour, la douleur, les cris, les traumatismes et les souvenirs.

Du cinéma franc.

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L.