Il est impossible de raconter l'inénarrable. Mais je dois tenter d'écrire ce qui n'est déjà plus qu'un souvenir. Se taire serait pourtant la meilleure façon d'expliquer qu'aucun mot n'a la force des émotions vécues pendant cette soirée du 7 juin 2010. Alors, pour laisser une part de mystère, je ne me pencherai que sur deux des sept heures de cette expérience : Jónsi au Bataclan.
Patienter avant d'entrer dans la salle en entendant les derniers réglages de l'artiste que l'on va voir en concert, il y a pire. J'attends cet événement depuis des mois, même si je mets d'entrée un bémol sur le choix de la salle. C'était sans compter sur l'ingénieur du son de Jónsi...
Mais avant, il y a la première partie : Glasser. C'est un groupe composé de deux Américains : un garçon et une fille. Lui lance les sons et fait la deuxième voix ; elle chante et elle chante remarquablement bien. Malheureusement, l'univers est coincé entre celui de Björk et celui de Fever Ray sans rien proposer d'innovant. Et visuellement, c'est pénible. L'on peut passer à la suite.
L'attente est étrangement stressante. À 20 h 30 passées, le soulagement est immédiat : Jónsi arrive, d'abord seul avec sa guitare pour interpréter une chanson ("All by myself (I wanna be...) and with Doddi of course" est écrit sur la setlist). Sa voix est toujours aussi parfaite, impressionnante et touchante. Ses musiciens le rejoignent pour Hengilás. Un début tout en douceur qui continue avec Iccicle Sleeves (chanson non retenue sur l'album). Personne ne fait de bruit pendant les silences musicaux et tout le monde attend la fin des chansons pour exploser de bonheur. Un bon public est si rare qu'il fallait le mentionner.
On poursuit avec deux merveilles de Go : Kolniður et Tornado. Les frissons sont les bienvenus car il fait incroyablement chaud. Même Jónsi dit qu'il fait bien froid !... Il enchaîne avec la jolie et envoûtante Sinking Friendships (Thinking of Chickswithdigs sur la setlist), avant d'interpréter pour la première fois en live Sticks and Stones, la chanson du film Dragons. Un beau cadeau qui a nécessité qu'on fasse à Jónsi d'énormes antisèches au dos de posters ! C'était "funny" comme il n'a pas manqué de le préciser. Cependant, cela n'a pas été le seul moment de joie. Durant tout le concert, les musiciens (en particulier le bassiste et le batteur) ont affiché un sourire si sincère et si communicatif qu'il était inconcevable de ne pas partager ce bonheur. Il y a eu de véritables échanges et un respect profond de la part du public et du groupe.
Après une autre nouvelle chanson, Saint Naive, c'est une double folie qui envahit le Bataclan. Jónsi, Alex (son compagnon et musicien), Doddi (le batteur épatant), Úlfur (le bassiste enfantin) et Óbó (le pianiste discret) offrent les deux chansons les plus pop et connues de l'album : Go Do et Boy Lilikoi. Tout le monde est comblé, sur scène comme dans le public. De plus, la mise en scène est bluffante : elle participe au confort du monde dans lequel Jónsi veut emporter son public. Tout est fascinant : le travail musical sur les arrangements, les costumes, les effets visuels des décors sur lesquels sont projetées des animations vidéo...
Ensuite, parce qu'il joue parfaitement entre les nouvelles chansons et celles de Go, Jónsi termine le concert avec Piano Song et la très festive Around Us dont il sublime la fin : géniale au sens propre du terme. Parce que oui, Jónsi fait partie de ces rares artistes que l'on peut qualifier de génie. Et il a l'intelligence et la sensibilité de s'entourer des meilleurs. Personne n'est dupe : les cinq artistes méritent que l'on se fasse mal aux mains pour les remercier convenablement. Le public ne faiblira pas pendant les quelques minutes qui le séparent du rappel.
Le groupe revient sur scène et joue l'explosive Animal Arithmetic (Counting Tigers sur la setlist). Mais le plus intense réside dans ce qui vient achever le concert : une expérience hors du commun, tant physique que mentale, qui représente à elle-seule le talent de Jónsi et de ses musiciens. Pendant Grow Till Tall, Jónsi est transcendé : il jette une valise entre la scène et la barrière, renverse le pied de son micro qu'il offre au public pour les derniers "yooouuu". Heureusement qu'il ne l'a pas tendu vers moi car, après m'être retenue plus d'une fois, je craque. C'est trop puissant, trop intense. Je ne fais plus la différence entre les larmes que pleure mon corps à cause de la chaleur et celles qui coulent sur mon visage. Les cinq hommes reviendront une dernière fois, presque timidement, pour applaudir le public et le saluer. Ovation.
C'est compliqué et en même temps très simple : c'est l'un des plus beaux moments de ma vie.
Magnifique
RépondreSupprimerfélicitations pour cette description de ce concert de Jonsi, qui semble avoir été un rêve, tellement la magie était omniprésente durant toute la durée de ce spectacle magnifique...le temps s'est arrêté pendant 1h30...le réveil fût assez brutal !!! Le mot qui me vient à l'esprit pour définir ce concert mémorable : COMMUNION (entre le groupe et le public)...
RépondreSupprimerMise a part l'attente entre la 1ere partie et l'arrivée de jonsi (un peu stressante j'ai trouvé aussi) et l'instru un peu "fort" par rapport a la voix de jonsi, c'était génial
RépondreSupprimerJe découvre ce blog et me permets d'y aller de mon petit commentaire tant je suis encore dans un état semi onirique et que je n'ai toujours pas envie de me réveiller suite au conte de fée que j'ai vu hier soir.
RépondreSupprimerUn concert parfaitement résumé et d'une intensité à la hauteur de la chaleur étouffante qui régnait au Bataclan ! Heureusement, Jonsi et sa troupe ont su presque nous la faire oublier et ont réussi à nous transporter ailleurs, très loin !
Et que dire de ce grandiose final ?! Jonsi, tant avec Sigur Ros qu'en solo, a ce don de nous clouer au sol lors des dernières chansons. Malgré un grand nombre de concerts derrière moi, mon meilleur souvenir restait le final de Sigur Ros il y a quelques années à l'Elysée sur un Untitled#8 apocalyptique, aujourd'hui je n'arrive toujours pas à effacer de ma mémoire les images de cette impressionnante tempête qui a dévasté le Bataclan hier soir au cours des 5 dernières minutes que j'aurais volontier transformé en heures !!!
Bref : Vivement la prochaine !
Olivier
merci pour ce live report :) j'y étais aussi, et bien que je ne connaisse pas Jonsi depuis longtemps, j'ai été trèèèèèèès impressionnée. Et je suis d'accord avec ton point de vue, c'était une expérience unique. j'ai pleuré, je suis restée bouche bée, j'ai ressenti la puissance des basses dans mes poumons...magique.
RépondreSupprimerj'ai fait un ptit dessin de Jonsi sur mon blog :) : http://stenopee.blogspot.com/2010/06/jonsi.html
Une vraie claque onirique, un raz de marée qui nous a emporté bien loin des 50 degrés d'un Bataclan bondé une fois lancé... Très bel article qui laisse part belle à la passion pour cet artiste grandiose ! Tout comme Olivier, un de mes meilleurs souvenirs restera aussi Untitled 8 en live au Zenith en novembre 2008... Mais le concert d'hier n'était pas moins riche en émotions, j'en ai encore des frissons... Quelle scénographie (Kölniõur pour ne citer qu'elle), quelle puissance, quelle poésie ! Même au boulot, j'ai toujours la tête dans les nuages et j'espère bien ne pas redescendre de suite...
RépondreSupprimerMouais....ce que j'ai vu ne m'a pas énormément séduit! En effet les conditions insupportables (Bataclan chauffé à blanc) ont eu raison de moi. J'ai quitté la salle après Saint Naive! j'ai trouvé que la magie avait du mal a opéré. Le format pop des morceaux de Jonsi m'interesse moins. Le disque "Go" est beau mais c'est tout, le concert (ce que j'en ai vu)fut beau mais c'est tout...mais c'est déjà beaucoup finalement! Peut être un peu trop professionnel...c'est juste un ressenti donc subjectif!
RépondreSupprimerj'avoue que c'est l'un des plus beaux concerts que j'ai fait hier soir... c'était juste magnifique en 4 mots et combien je vous jalouse ceux qui ont vu sigur ros en vrai l'année où j'aurais pu les voir ils annulaient ... bouhhhh mais jonsi seul mérite une standing ovation largement
RépondreSupprimer@anonyme: dommage d'avoir quitté la salle à ce niveau du concert, car le show était construit comme un Untitled8, une douce progression de la douceur vers ce qu'on peut nommer de carrément extatique. J'avais déjà vu le show à Bruxelles, heureusement car la chaleur absolument insupportable au Bataclan m'a un peu gâché le plaisir. Le public était très enthousiaste, calme et bruyant quand il le fallait. Très beau concert, il a fait un beau travail avec Go et toutes les autres chansons inédites qu'il joue uniquement en concert et qui valent certaines de l'album.
RépondreSupprimerEn revanche, mauvaise impression du bonhomme après le concert, je crains qu'il ait pris la grosse tête, il a fui les quelques personnes qui attendaient gentiment pour une signature. Alex, qui lui a fait face, en revanche est un ange. Cath.
@ Cath : Alex est un ange, on ne peut pas dire le contraire. Mais comme il me l'a dit, et il ne m'a pas menti puisque j'ai eu confirmation quelques secondes après : Jónsi n'est pas un monstre !
RépondreSupprimerEffectivement, je n'y avais pas pensé lors de ma première intervention mais L. et Cath l'ont bien souligné : une mention particulière est à attribuer au public qui a été génial de la première à la dernière note. Et pourquoi est-ce si important ? Parce qu'après l'expérience d'un grand nombre de concerts, le public français a fini par me faire honte entre les non respects des silences pendant des chansons, les sifflets, les mecs qui papotent, les impatients qui sifflent quand certains artistes partent en impro totale et font durer des morceaux, ceux qui ne bougent pas, ceux qui au contraire pogotent sur du Editors, j'en passe et des meilleurs... Ce lundi soir, j'ai senti une communion parfaite entre le groupe et son public, et quand on connait les moments de silence dont est capable Jonsi, ces petits moments religieux étaient un pur bonheur !
RépondreSupprimerOlivier
J'ai vécu ces mêmes instants, bien entendu à ma manière et selon ma sensibilité, le lendemain à Zurich. Pour la première fois en plus de 5 années d'addiction à Jonsi (déjà grâce à Sigur Ros), mon amour pour leur musique a pris une dimension réelle après que Jonsi m'ait regardée à plusieurs reprises dans les yeux. Un sentiment étrange... soudain j'existais à ses yeux. Comment dire MERCI à un artiste si extraordinaire...
RépondreSupprimerLorsqu'il m'a tendu le micro, j'ai paniqué... Je regrette de ne pas lui avoir dit MERCI / TAKK et que je l'aimais - dans un sens purement émotionnel et artistique - ! Sa musique m'a sauvée. Je tenais seulement à être là pour le remercier. Je crois sans prétention que mon regard l'a troublé car à plusieurs reprises ensuite, il l'a cherché. Un rêve s'est réalisé et à présent, un manque s'éveille.
C'est le plus beau concert auquel j'ai eu la chance d'assister.
RépondreSupprimerJe viens d'écrire un petit billet sur mon blog (http://bit.ly/99DrwQ) avant de regarder si d'autres avaient fait la même chose.
Finalement je me rends compte que notre ressenti est assez proche. Bravo pour ton article.
Yoan
J'étais présent ce soir là et je peux vous dire que je suis totalement, mais totalement en accord avec ces propos et ces émotions ressentis !
RépondreSupprimerExcellent ! Le plus grand moment de ma vie. Enormément d'émotion dans le Grow Till Tall de la fin (pleurs, ect...)
RépondreSupprimerJonsi, un génie.