07/04/2011

White Lies @ La Cigale

Quand on va voir un concert seul, on peut toujours espérer être bien placé, sans être obligé de patienter des heures avant l'ouverture des portes. Pour le concert des White Lies à La Cigale le 22 mars, le placement était libre. Une question se pose donc : debout autour de la fosse pour avoir une vue d'ensemble ou assis mais en hauteur ? J'ai déjà vu le groupe de très près : dans une petite salle à moitié vide en 2009 à Montréal, à l'Élysée Montmartre en novembre de la même année, à la barrière du Stade de France en première partie de Muse et à La Flèche d'Or en décembre dernier. Un fauteuil au balcon semble donc être un bon choix, et une place au milieu du premier rang, en face de la scène, est vacant. Qui dit mieux ?

Et lorsqu'on subit une première partie, on est content de pouvoir se lover dans son siège. Crocodiles : quintette bruitiste presque inintéressant. Et les jeux de lumières aveuglants n'arrangent rien. Les yeux sont baissés par nécessité, mais cela leur évite de regarder le chanteur se donner un style : lunettes de soleil, jean slim et attitude pseudo punk superficielle. Une blague (un affront au punk-rock sincère ?) à lui tout seul. Musicalement, c'est énergique, mais ça ne transmet rien. On s'ennuie donc très vite.

Pour écrire sur la musique, autant passer à Whites Lies. Le trio (quintette en live) a délivré une belle prestation, saine, sereine et maîtrisée. Cependant, si Harry, Jack et Charles ont été généreux dans leur interprétation, on peut légitimement leur reprocher une si courte setlist. Quatorze chansons alors qu'ils ont maintenant deux albums et des bonus tracks, c'est un peu juste. Heureux comme ils l'étaient d'être à Paris, ils auraient pu se lâcher davantage et offrir quelques chansons de plus, comme The Price of Love, From the Stars et Taxidermy. Quant à la déception de la soirée, c'est l'absence regrettable de Turn the Bells, l'une des meilleures compositions de "Ritual".
Comme d'habitude, ils commencent par A Place to Hide et fédèrent la foule, enthousiaste dès leur arrivée. Ensuite, Holy Ghost rappelle d'entrée que White Lies a évolué vers une musique teintée de sonorités eighties. Les synthétiseurs se font entendre, mais la mélodie et le refrain efficace convainquent ; on se laisse de plus emporter par la qualité technique des trois Anglais. Inutile de cacher qu'on aimerait réentendre Harry sur toutes les parties de guitare et voir Charles alterner entre basse et synthé, mais les premiers temps sont loin. Il n'y a guère que Jack qui n'a pas changé de jeu, toujours énergique, constant et subtile derrière ses cymbales et ses fûts.
Le nouveau single, Strangers, joué entre les grandioses To Lose My Life et E.S.T. fait un peu pâle figure, mais les refrains et une belle ambiance sauvent le moment. Et même si Is Love et Streetlights ne peuvent rivaliser avec la profondeur du son et des paroles de E.S.T., on y trouve quelques riffs et mélodies réussis, qui dépassent les versions studio légèrement artificielles. Encore une fois, on est loin de l'impressionnant "To Lose My Life" (l'un des 10 meilleurs albums de 2009), en atteste la chanson qui suit : Farewell to the Fairground.
C'est malheureux à écrire, car "Ritual" n'est pas à comparer, mais on entend la différence quand ils enchaînent avec Peace & Quiet et Bad Love. La voix est puissante et touchante, il y a des choses intéressantes, mais le groupe a compris que c'était leur premier album qui ne contenait que des pépites et terminent assez logiquement par Death. Sous les acclamations, Harry, Jack, Charles et leurs deux autres musiciens quittent la scène étonnés et ravis.
Ils reviennent pour un rappel assez classique et prudent : la poignante et merveilleuse Unfinished Business, l'entêtante The Power & The Glory, et le premier single de "Ritual", Bigger Than Us, qui achève de convaincre le public que White Lies est autant un groupe de studio que de live. Ils sont objectivement excellents et on ne regrette pas d'avoir manqué les Kills à La Flèche d'Or. Sur le chemin du retour, quelques notes se jouent dans ma tête et se font la bande originale d'un spectacle désolant : un incendie a dévasté l'Élysée Montmartre ce matin, les odeurs de brûlé persistent et quelques pompiers sont toujours sur place.

En novembre 2009, White Lies se produisait à l'Élysée Montmartre ; les souvenirs remontent et se mêlent aux nouveaux. Le point commun : une sensation de soulagement à une époque où la médiocrité musicale se répand.

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De la critique positive et négative, oui ! Mais toujours construite et justifiée, merci !

L.