09/03/2010

Vampire Weekend @ Olympia


Le premier Olympia des talentueux Vampire Weekend a été un triomphe. Quels mots peuvent décrire un tel moment ? Difficile à écrire... On peut toujours commencer par la première partie, tout l'inverse des quatre New-Yorkais.


À 20 heures, donc, Fan Death. Trois filles et deux garçons habillés en noir arrivent motivés sur scène. Mais ces Canadiens ennuient malgré les efforts de la chanteuse à gesticuler une chorégraphie hideuse. Une nouvelle fois, j'ai la mauvaise surprise de devoir assister à une prostitution de la musique. C'est toujours la même chose : une mauvaise électro-pop aux synthés dépassés, chantée par une fille vêtue d'une minijupe ? Ceinture ? Il n'y a guère que la violoniste (qu'on n'entend pas assez) et le batteur (impressionnant notamment sur un solo à la double pédale) qui assurent. Mais à part ces deux musiciens et le petit E.T. qui trône sur la batterie : que font-ils sur la scène de l'Olympia alors que tant de groupes méconnus mériteraient d'être à leur place ? Ils se font des private jokes et s'éternisent. Une personne dans le public crie : "Vampire". La chanteuse rigole alors comme une cruche et lance un "merci" étrangement impoli.

Après une quarantaine de minutes, l'Olympia annonce enfin les vingt minutes d'entracte. La scène change d'allure, même si les lustres (comme celui de la pochette de Vampire Weekend) étaient déjà là. La salle est pleine à craquer.

Les quatre petits Vampire font une entrée détendue et souriante sur quelques secondes de Jump Jump (le titre hip-hop old school de Kriss Kross), avant qu'un drap blanc ne tombe et dévoile une immense toile de fond représentant la pochette de Contra (les yeux lumineux de la jeune fille changeront de couleur de temps en temps). Le ton de la soirée est donné. On sourit déjà, on a envie de s'amuser, de sauter, de chanter, de profiter. J'ai ce sentiment qu'ils ne décevront pas. Ils commencent par White Sky, le son est parfait, la voix d'Ezra est posée et on oublie tous ses soucis ! Ensuite, le rapprochement est facile, mais Holiday confirme cette sensation d'être en vacances en pleine semaine. Chris (le batteur) est en pleine forme et touche parfaitement ses fûts et cymbales. Plus douces mais pas moins jolies, Cape Cod Kwassa Kwassa et I Stand Corrected rappellent que le premier album est vraiment un chef-d'œuvre. D'ailleurs, ce sont les premières notes de clavecin d'M79 qui soulèvent un enthousiasme nostalgique : frissonnant.
Mais Vampire Weekend a bien un excellent deuxième album à la hauteur, qui prend tout son sens en live. Ils le défendent très bien, notamment avec California English dont l'exotisme se retrouve, sous une autre forme, jusque dans la voix pleine d'effets d'Ezra : un détail qui compte et qui n'est avantageusement pas surexploité. Ensuite, parce que "la famille c'est très important" (en français dans le texte), Cousins résonne dans l'Olympia : pas de répit pour le public qui se reposera pendant une étonnante version de Taxi Cab. Les quelques petits problèmes de son de Rostam (le claviériste) ont été rapidement oubliés grâce au toucher de (l'autre) Chris (le bassiste) faisant murmurer les cordes de son violoncelle. Comme sur l'album, ils enchaînent avec Run, mais j'ai l'impression d'être l'une des rares à connaître Contra sur le bout des doigts. En effet, le public réagit plus aux chansons suivantes, A-Punk et One (Blake's got a new face), pendant lesquelles il fait respectivement trembler le sol en sautant puis les murs en reprenant le fameux "Blake's got a new face" : un bel échange ! Vampire Weekend glisse un Diplomat's Son qui répond à l'envie qui suit la folie : la douceur chaleureuse. Puis, Ezra (pieds nus dans ses chaussures et le pantalon remonté !) annonce une vieille chanson pour faire plaisir aux fans de la première heure qui connaissent Boston (Ladies of Cambridge), un bonus existant uniquement sur la version japonaise de Vampire Weekend. Une agréable surprise tranchant complètement avec le nouveau single, Giving up the gun, dont la mélodie sonne comme un au revoir.
Un tel final aurait pu être acceptable, mais les généreux membres de Vampire Weekend ne se contentent pas du peu. Ils sont vraiment heureux d'être là : le batteur ri d'une sincère félicité et sa joie de vivre déteint sur les autres. Ils terminent sur Campus et Oxford Comma (toutes deux jouées partiellement) : impossible de ne pas penser aux lives de l'Album de la Semaine et du Main Square en 2008... Enfin, ils ont l'air d'être réellement attachés à leur première production car, après une pause d'applaudissements mérités, même s'ils reviennent jouer l'efficace Horchata, c'est avec Mansard Roof et Walcott qu'ils finissent de combler l'Olympia. Les lumières se rallument rapidement, mais les sourires béats ne disparaissent pas.


Cette soirée du 25 février 2010 a été euphorisante ; je n'attends plus maintenant que le jour ou j'aurais le plaisir de me faire bercer en live avec I Think ur a Contra...

2 commentaires:

  1. Déjà que j'étais blasé d'avoir loupé ce concert, mais après la lecture de ta review c'est encore pire... J'espère vraiment vraiment VRAIMENT les voir cet été dans un festival !!

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  2. Je sais pas si c'était le cas pour vous aussi, mais à Amsterdam le claviériste était bourré/défoncé.... (bon tu me diras la ville y est pr quelquechose)
    On avait parfois l'impression qu'il se demandait ce qu'il est censé faire :)

    A part ca, très bon concert et belle review. Hâte de les revoir

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De la critique positive et négative, oui ! Mais toujours construite et justifiée, merci !

L.