13/10/2010

Misteur Valaire @ La Maroquinerie

La première fois avec Misteur Valaire, c'était en septembre 2008 pour le concert de bienvenue à l'université de Montréal ; plus qu'une découverte, une révélation. Après un passage à Radio Canada, un showcase à l'Apple Store de Montréal, un concert montréalais au Club Soda et un concert parisien au Batofar, en 2009, on ne pouvait manquer leur passage à La Maroquinerie, le 7 septembre 2010. Seulement, entre-temps, le groupe montréalais a sorti un autre album, Golden Bombay, plus vendeur mais moins bon que Friterday Night. Leur son était singulièrement original ; il reste remarquable mais plonge dans la hype.


Depuis quelques jours, on se demande pourquoi les températures sont si douces. C'est bien sûr parce que Misteur Valaire a ramené l'été indien à Paris ! Et dans la salle, la chaleur monte très vite. Enfin... pas pendant la première partie. DJ Fat Cat propose un set fade, sans aucun intérêt, enchaînant (sans originalité) quelques tubes et des vieilleries.

Annoncé à 21 h 25 à l'entrée de La Maroquinerie, MV entre en scène à 21 h 05 (sur leur programme, récupéré au dos de la setlist, ils étaient programmés à 21 h 10). Donc, pendant une vingtaine de minutes, la salle ne sera pas pleine. Cela n'empêche cependant pas le public de manifester sa joie dès Gumshoe. Malheureusement, les Québécois n'ont pas travaillé leur set en mélangeant les titres de leurs deux derniers albums (ils ne jouent plus les morceaux du premier, Mr. Brian) ; ils fonctionnent par phases. Il faut alors attendre six chansons (Lillehamer, Ave Mucho, Brandon Marlow, November Number 3, l'excellente Dan Dan, et Mojo Ego) avant qu'ils ne jouent It's All Good, To the Beat Sean, Plocul Black, SP 4 Lovers, Et si c'était un veau et Cass Hole, plutôt rapidement d'ailleurs.
Mais pourquoi les Valaire changent-ils les arrangements de leurs premières chansons pour les faire ressembler aux dernières ? Le groupe perd en identité et se perd dans une mer de bruits fédérateurs. Parce qu'on ne parle pas de l'effet MV, qui fonctionne à merveille, on parle de la musique elle-même et du travail de composition qui, dernièrement, semble avoir été basé sur les acquis de ces cinq musiciens. Les morceaux aux ambiances variées et progressives de Friterday Night sont raccourcis, légèrement remixés et se défont de leur complexité, de leur émotion, de leur sensibilité musicale. On entend certes le potentiel et le talent, notamment dans les percussions, les cuivres et les lignes de basse, mais l'esprit électro-jazzy se noie un peu trop dans le hip-hop électronique commercial. Toutefois, on a échappé à la présence des artistes en featuring sur leur dernier album.
Avant d'annoncer la dernière chanson, Mama Donte, ils interprètent Sweet Charlemagne, l'une des seules compositions de Golden Bombay aussi travaillée que l'intégralité de Friterday Night. Enfin, le rappel commence sur une version énergique et réussie de Monster Donte, idéalement placée. Ensuite, MV présente pour la première fois un nouveau morceau, Hip my Lips, qui se révèle être une version modifiée de Shaving. Encore une déception... Faire évoluer son style au fur et à mesure des albums, c'est un point positif, mais casser l'âme des anciennes chansons en les travestissant, c'est mal. D'autant que cela semble perturber le très bon batteur, Jules, qui, dans la soirée, fait deux petites erreurs aux platines. Quant aux autres, Luis a bien préparé son show (en antisèche sur la setlist), France se déchaîne à la basse, Drouin s'exécute sans savoir que le son du synté ne ressort pas assez (mais son saxophone bénéficie d'un bon réglage) et Roboto a ses petits moments de gloire au piano. Même si Gordon Bombay n'est pas la chanson adaptée à une fin de concert, on garde à l'esprit leur chorégraphie réalisée sur Et si c'était un veau, toujours aussi mythique. Car, il ne faut pas se méprendre, Misteur Valaire est un jeune groupe de haut niveau. Ils sont partis de très (trop) haut, et déçoivent aujourd'hui (mais pas ceux qui les découvrent avec Golden Bombay), tout en gardant leur intensité en concert.


L'ensemble demeure efficace et énergique, le détail moins intéressant qu'il ne l'était à l'époque de Friterday Night...

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De la critique positive et négative, oui ! Mais toujours construite et justifiée, merci !

L.