31/10/2010

Trentemøller @ Bataclan

Le soir du lundi 18 octobre 2010 était un moment que j'attendais avec une impatience particulière : Trentemøller, prodigieux DJ et compositeur danois, prévoyait un concert au Bataclan. Un rêve. Après être tombée sous le charme de son premier album, The Last Resort (2006), et la sortie de Into the Great Wide Yonder cette année, son live s'annonçait comme une confirmation ultime. Alors, pourquoi ne suis-je pas ressortie comblée par ce show, un sourire persistant sur le visage ? Tentative d'explication.

À 19 h 45, il y a une file d'attente interminable sur le trottoir du boulevard Voltaire. Les portes du Bataclan ne sont-elles pas encore ouvertes ? En fait, l'organisation est simplement mauvaise : c'est seulement en arrivant à dix mètres de l'entrée qu'un vigile annonce que ceux qui n'ont pas besoin de passer par le vestiaire peuvent entrer... L'attente est insupportable, principalement à cause d'un groupe de banlieusards (ils se sont eux-mêmes nommés ainsi) gênant tout le monde avec des discussions inintéressantes et des mouvements brusques ; des intrus qui ne savent pas vraiment ce qu'ils vont voir, et qui se créeront un souvenir puisqu'ils ne pourront se rappeler du concert tant l'alcool coule dans leurs veines. Premiers signes ? Ce temps passé dehors fait manquer la première partie à la moitié du public. Un public majoritairement composé de Parisiens branchés et underground, mêlés à quelques Danois venus pour l'occasion.

Le premier rang m'appelle, mais, ce soir, ce sera celui du balcon. Le devant de la fosse étant déjà bien compact, et la fatigue ayant raison de moi, je décide de profiter depuis un siège. Première erreur ? Derrière le mur de rubans qui laisse entrevoir la scène, le DJ et ses musiciens arrivent, éclairés pas une faible lumière. Ils ouvrent sur The Mash and The Fury ; on retrouve alors la sensation vécue au concert de Fever Ray à l'Olympia en septembre dernier : une plongée dans un univers magique empreint d'une atmosphère sombre. La qualité musicale est là, servie par un son clair et bien réparti dans le Bataclan. Que pouvait venir perturber cette progressive entrée en matière ?
Après quelques chansons, d'autres rideaux de rubans s'abaissent, laissant apparaître deux jeunes femmes, qui chanteront entre autres Sycamore Feeling et Even Though You're With Another Girl. Pendant ces moments, le processus d'enchantement disparaît. Bien que la musique soit parfaite, les chanteuses "overlookées" brisent le sort en apportant mollesse et superficialité au show intimiste. Ces instants viennent par vagues, laissant donc parfois la scène aux seuls musiciens (un DJ, un batteur, un guitariste, et une guitariste). Mais à peine a-t-on le temps de se replonger dans un rêve avec Vamp ou de participer en tapant rapidement des mains sur Silver Surfer Ghost Rider Go que les sirènes maléfiques reviennent. Difficile de rester dans l'ambiance.
Être en hauteur rend la tâche d'autant plus difficile. La distance est bien présente, et l'on assiste au concert plus qu'on ne le vit. Heureusement, le batteur fabuleux, l'enchaînement absolument parfait Take Me into Your Skin/Miss You et le rappel prévisible mais efficace sur Moan viennent sauver l'ensemble mitigé. Attention, l'impression est mitigée car le niveau d'exigence était très élevé ; l'électro minimale puissante que livre Trentemøller, mêlée à du rock progressif et parfois mâtinée d'ambient, demeure excellente.

Sans les deux inutiles à voix, la formation est talentueuse, avec de vrais musiciens, qui prennent du plaisir et ne se regardent pas évoluer. Il ne reste donc qu'une seule question : suis-je blasée ?

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De la critique positive et négative, oui ! Mais toujours construite et justifiée, merci !

L.