17/10/2010

Elle s'appelait Sarah - Gilles Paquet-Brenner

Tatiana de Rosnay a écrit Elle s'appelait Sarah. Gilles Paquet-Brenner a réalisé l'histoire qu'elle raconte. Loin d'être aguicheur, le film mêle enquête historique et drame intimiste. C'est un long métrage fort et sensible qui travaille sur le temps, passé, présent, mais aussi futur, et qui donne à penser. Julia, une journaliste américaine installée à Paris depuis vingt ans, cherche à percer le secret que cache l'appartement de sa belle famille, dans lequel son mari souhaite habiter. Situé dans le Marais, il mène Julia dans les profondeurs de l'histoire de Sarah. Mais la vérité à un prix.

Quand La Rafle fait inéluctablement pleurer le spectateur, Elle s'appelait Sarah lui comprime la poitrine d'une douleur libératrice avant de le laisser verser une larme dans la dernière minute. Attention, il ne faut surtout pas s'embarquer dans une comparaison, car celle-ci n'a pas lieu d'être. Le film de Gilles Paquet-Brenner évoque bien évidemment la Shoah, mais ce n'est pas l'histoire, c'est le déclencheur de l'histoire. Elle s'appelait Sarah ne raconte pas un épisode de l'Histoire comme l'a fait Roselyne Bosch dans son film. Et le point de vue maîtrisé que le réalisateur propose vient surtout de Tatiana de Rosnay qui ne cesse de répéter que son livre a été parfaitement mis en images.
La réussite de cette adaptation vient aussi indéniablement du casting. Est-il nécessaire de dire que Kristin Scott Thomas est magistrale ? Personne d'autre n'aurait mieux joué le rôle de Julia. Et si on ne peut pas encore parler de classe en ce qui concerne la jeune Mélusine Mayance (dont le papa est directeur d'acteurs), on peut dire que c'est une véritable actrice, touchante, talentueuse et impressionnante de justesse. Côté masculin, Michel Duchaussoy et Niels Arestrup obtiennent la distinction magna cum laude ! Deux très grands. Bouleversants.
Avec eux, la volonté première du réalisateur (ne pas tomber dans le pathos) est noblement respectée. Gilles Paquet-Brenner a travaillé tout en finesse pour rester sobre, sans perdre la puissance de son film. Seule la fin trop riche en rebondissements aurait pu être évitée. Soutenu par une musique éloignée de toute obscénité (signée Max Richter), une photo délicate (de Pascal Ridao), et un montage intelligent (effectué par Hervé Schneid) mêlant deux histoires à des époques différentes (des histoires qui vont se rejoindre progressivement), Elle s'appelait Sarah possède une subtilité poignante trop rare dans la production cinématographique française d'aujourd'hui.

Un film beau, tout simplement.

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De la critique positive et négative, oui ! Mais toujours construite et justifiée, merci !

L.